Jour 15_Aroue – Ostabat

Réveil de qualité dans gite de qualité.  Je conseille à tout pèlerin lisant ces lignes de s’arrêter une nuit chez Simone,
Ferme Bohoteguia à Aroue. Efficace, moderne et convivial, pas de reproche, pas de regret.
Ça ne veut pas dire que les autres ne sont pas bien, mais la j’y étais, et c’était bien, il faut le dire.

Mais j’en suis parti quand même,  à 7h40, donc trop tôt pour la distance à parcourir, 21 km, et trop tard pour le soleil à endurer, mais là quoi faire? De toutes façons, les gîtes après Ostabat étaient complets quand j’ai voulu pousser un peu. Le chemin  maintenant, c’est réservé 3 mois à l’avance, et moi je dis pas ce que je fais si loin dans le futur. Déjà,  demain, j’hésite.  Alors 3 mois…
    Le chemin du jour proposait une variante au départ. Choix difficile.  Mais quand j’ai vu devant moi tous les pèlerins de suivre sur le chemin classique   j’ai enfilé la variante. Moins joli?
Sais pas! Mais tranquille, sûr.
Tous à la queue leu leu c’était trop à 8h. Le chemin doit rester un peu spirituel, pas besoin de se mettre au milieu du troupeau quand un choix existe.  Bien sur, j’ai mon gps de rando, je peux pas me perdre.  J’ose donc.
Pour les fleurs, nada, tout est que vert, faut faire avec.
  Quand les petits étaient petits, je leur lisais « le magicien des couleurs « . Je crois que la région est restée bloquée sur la page du vert.

Sinon, c’etait bien cette petite étape vers Ostabat.

Tranquille,  juste assez raide pour bien se préparer au passage des Pyrénées,  et admettre que c’est pas le soleil qui nous aide dans les côtes.
Je sais pas pourquoi, vu que chez nous, a Montpellier, il nous encourage assez quand on va à la plage… Ce soir être un problème de latitude, ou de région, avec ces remaniement permanents. Maintenant, on a le soleil dans les côtes  et le vent sur la plage.
Tiens je vous mets 2 ou 3 images, que je fais quand je retrouve mon souffle, mais honnêtement c,’est joli, tout le temps.
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Parfois je m’arrête, je regarde tout ça, en faisant un tour sur moi-même, et je me dis: « c’est juste beau « . Beau comme ailleurs, bien sûr. Ce qui est beau, c’est d’être là, et d’en profiter, de le voir, de le vivre même. De traverser ce pays , d’y rencontrer ses habitants, simplement lentement, juste à la vitesse du pas.
Un pied devant l’autre on est accueilli, reçu admis, informé , renseigné. .. que je revienne au volant d’̀un 4×4, et je redeviens un parisien, à l’écart de la vie locale,à l’écart de la vie tout court.
Par exemple, on sait qu’il pleuvra demain, parce qu’on a vu passer et repasser les fermiers avec les balles de foin qu’ils se depechaient de rapporter des champs.
Ostabat, enfin après la longue montée juste nécessairepour le mériter, Le gite tout simple, genre la maison de grand-mère, et on boira et mangera au bar qui ne connait plus, de clients, que les pèlerins de passage.

19h: Le repas, pour simple qu’il soit, est excellent, bouillon plein de légumes , tranches de veau , haricots, pâtes, vin à volonté, salade, fromage local . Glace? Non merci , un café peut-être? Pourquoi pas!
Et puis un tour en ville, c’est à dire le tour de l’église!
Ensuite, direction la chambre: 3 lits, 3 pèlerins,( pas des touristes): jean-Marie, le belge, Bernard, de haute-Saône, près de Vezoul, et moi, le gars de sud!. On se croise depuis 15 jours….
Remarque, à table, on en avait aussi 2 du Vaucluse, qui dorment au rdc, et 3 qui venaient d’un autre gîte..
Un bon moment d’échange, de rires.
Maintenant, comme les autres jours, On sait qu’ on va dormir, profondément, car les km, avec les 8 à 12 kg sur le dos des uns ou des utres, on les fait. Le Camino, même si ça ressemble à du tourisme vu par ceux qui en parlent sans y aller, c’est avant tout une épreuve physique intense, qui recommence tous les jours!
Suffit pas de dire « j’y étais », comme ceux qui ont  » fait l’Égypte « , allongés sur un transat qui descend le Nil au son des roues à aube … Non, le Camino, quelque soit l’allure choisie, ce sont des km à pieds avec des kilos sur le dos, sur des chemins tortueux qui prennent plaisirs à monter sur les crêtes pour en redescendre aussitôt.
Et à ce prix là, le Chemin vous reconnaît et vous accepte . Il sait votre souffrance, il vous donne la félicité, le recul et la joie.
Écouter ceux qui l’ont fait: ils se taisent.
Dites leur que vous en étiez : ils vous en parleront toute la nuit, intarissables.
Le Chemin ne se raconte pas, il se partage.
Ou en etais-je avant de dérailler? Ah, oui, la nuit!
Jean-Marie est déjà en train de ronfler. .. Dormons grave gens, demain, la porte des Pyrénées nous attends.
Bonne nuit au pèlerin de bonne volonté.

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