08:00-15:00 ,Beruer – St Jean de Laur. 25km .07h15 dont 1h de pause à Cajarc. D+ 540m .
Le corps est rodé, il ne grince plus depuis quelques jours. Seule la chaleur de l’après-midi est difficile à supporter, mais aujourd’hui, avec les orages annoncés ce soir, on a perdu quelques degrés et le ciel est couvert. Idéal pour marcher, la journée commence bien.
Le chemin est devenu beau et doux, dénué de pièges pour les pieds, de pentes agressives, de routes à traverser.
pourquoi aujourd’hui? Le pays, qui semblait se plisser pour mieux nous fatiguer, nous repousser, est devenu un tapis de verdure qui caresse nos yeux, nos pas. Il s’est comme étalé pour nous emmener.
Pourquoi aujourd’hui, pas hier, pas avant? L’orage promis ce soir, la rentree des classes, l’été finissant… ou juste les pieds reposés, les sacs plus légers, le soleil un peu caché, l’air décarboné ?
Qu’importe. mes bâtons dansent sur le chemin, mon pas s’est allongé et Vincent, derrière, s’est éloigné. Je retrouve dans mes pensées cette liberté que j’attendais, qui restait au sol, engluée.
Quelque chose s’est libéré. ce matin! Je revois les fleurs, les papillons. Je profite: l’eau finira par arriver mais je respire et n’arrive pas à m’en préoccuper.
Je respire. C’est cela, je ne suis pas oppressé. Vincent, loin derrière dans son téléphone absorbé, me dira quand je l’attendrai où l’on pourra s’arrêter. Il connaît le chemin, je l’écoute. Mais moi je ne veux pas savoir, je découvre , je redécouvre, je me régale des surprises, des nouveautés, des sous- bois ombragés, des champs illuminés.
C’était juste beau jusque là. Aujourd’hui je sens la beauté. Je caresse les plantes du bas-côté, j’observe un papillon, une fleur fanée, une autre éveillée.
Je cueille des mûres et m’en régale , Vincent dit qu’elles sont empoussiérées, il s’éloigne. J’en cueille tant que je peux et m’en régale. J’aime les mûres du chemin, c’est là mon moindre péché.
Il n’est pas 10:00 quand nous entrons dans Grealou. 450 habitants, une église et une épicerie. Je goûte la fraîcheur et le silence du monument…
…puis nous achetons des casse-croûtes chez l’aimable commerçante qui se plaint que de nombreux randonneurs ne soient pas vaccinés et qu’elle doive leur refuser sa terrasse. Son commerce souffre de ce manque de civisme. Je n’ose lui rappeler que l’humain est mauvais quand le contexte l’y autorise, mais ce n’est que ma conviction, je lui épargne. Je fais des progrès!
Retour sur le Chemin, toujours accueillant et lumineux. Le plus agréable depuis le départ, il nous amène doucement vers Cajarc.
à Cajarc, où nous restons 1:00, j’acquiers une paire de Tongs à 8€, (les mêmes coûtaient 20€ à Figeac!) pour le soir au gîte et on quitte les lieux par le pont métallique…
et la petite route déserte passant par le gouffre de Lantouy et son eau magique.
à l’arrivée sur le Causse, on retrouve le Camino et peu après le gîte « mas de Jantille » à St jean de Laur.
Je dois admettre que c’est le meilleur (encore!) gîte depuis le départ. Les hospitaliers, Colette et Roger, sont d’anciens pèlerins alsaciens qui ont reconstruit une vieille ruine en faisant de cette halte la quintessence de leur expérience, avec un goût, une intelligence et un investissement exceptionnels. ( gîte )Leur acceuil est sincère, cordial et généreux .
Comment mieux achever une si bonne journée? On dirait que chaque jour qui passe, le Chemin essaie de faire mieux que la veille. Je comprends que ce ne sera pas possible, je nous trouve déjà comblés. Alors disons que avant l’orage, promis cette nuit, il essaie de se faire pardonner les douleurs du début pour nous garder sur sa trace.
Quoi qu’il en soit, je décerne à cette journée la fleur du Chemin, en espérant qu’il y en aura d’autres, aussi jubilatoires.
La mûre toujours la mûre !
Je vois que la progression est importante, et tant mieux si le corps supporte ces contraintes.
Je suis impressionnée.
A bientôt
Je t’embrasse
Qu’est ce qu’il y avait dans le petit dej pour être aussi euphorique ?
C’est l’endomorphyne ?
Tu es très lyrique aujourd’hui.
Bonne continuation.