Je viens de m’allonger pour relire le trajet d’hier ( bonjour les fautes de typographie mais faut voir les conditions de la rédaction…et puis mes doigts sont plus gros que les touches!) quand j’ai dû m’endormir aussi sec puisque je me réveille, il est 16:45!
On peut dire que le chemin brise le marcheur, aujourd’hui je suis vraiment fatigué et je ne vous parle pas de mes pieds, vous allez décrocher.
Faut dire que je m’étais mis un challenge assez intenable du moins si on privilégie la zen-attitude : Arriver à Fromista avant 13:30. Bon, vous, assis dans votre canapé en train de caresser la tablette, ça vous dit rien, mais dans le guide du Chemin, le missel du pèlerin qui dit ‘où et ‘quand’, il fallait s’arrêter tranquille à Boadilla del Camino, sinon on risquait sûrement 5 ans de malheur et une verrue plantaire. Mais moi, depuis une semaine je crois, c’était à Belorado, j’essaie d’envoyer un colis de 1 kilos à la maison pour que mon sac cesse de ressembler à une croix sur le mont des Oliviers. Je m’étais rendu à la poste dans l’après midi qui était fermée.
et vu les horaires j’avais peu de chance d’en croiser une. A Burgos, j’y croyais ferme mais c’était samedi, même punition… Je promenais mon kilo a travers le pays sans pouvoir le jeter (à cause de la jolie veste Schöffel acquise à prix d’or malgré les soldes.
Donc ce matin après avoir encore salué l’hospitalier de ‘Ultreia’ à Castrojeriz, je décide d’atteindre la Correos de Fromista avant 13:30 et je démarre…mais apres tout le monde car m’étant endormi sur le blog hier soir dans le lit, je devais à minima bâcler la fin ( tant pis pour la soirée inoubliable que vous devrez aller vivre vous même) et le mettre en ligne tant que le wifi était accessible.
A 07:40, un peu contrarié donc, je m’élance (le mot est fort!) dans la rue qui monte, bien sûr. Mon tendon d’Achille droit trouve cela désobligeant et le manifeste. Je dois dire que hier j’ai offert à ma presqu’ampoule gauche un ‘Comped’ de la Pharmacie de Castrojeriz (pour les non-marcheurs, il s’agit d’un pansement curatif spécial ampoules dont le principe actif le plus probable est l’effet placebo, tant le produit lui-même est inconfortable là où le met). Je soupconne donc une certaine jalousie de la part de la tendinite et comme je ne veux pas enflammer la situation je ménage chacun dans la côte. J’ai envisagé de marcher sur les mains mais le sac est mal conçu pour.
Contenant mes douleurs, je quitte le village apres le départ des pèlerins
et m’engage sur le chemin qui mène au plateau. On est a 770 m, on va grimper de facon assez rapide jusque la-haut. Rien d’exceptionnel si ce n’est qu’on commence par là et que j’ai pris du retard…. mais le lever du soleil sur la face à gravir m’emplit les yeux d’un spectacle magnifique. Tout l’or de la nature s’est répandu sur la face du plateau pour me la rendre plus douce.
Je monte le coeur plus léger, mes pieds s’échauffent ou s’habituent et ensemble nous atteignons le plateau.
et son paysage reposant…
pour seulement 5mn car on se retrouve aussitôt au sommet d’une descente équivalente! 18%.
Pouvu que les genoux ne s’y mettent pas! Je dis rien pour pas les réveiller.
La meseta est toujours là mais plus bas. On frise quand-même toujours les 800m après notre escapade à 910.
Pour info, c’est le Larzac chez nous et on y fait pas le même genre de culture même si ces tournesols sont morts.
Et le paysage reste impressionnant aussi loin que portent les yeux.
On traverse cette plaine jusqu’à Itero del Castillo, soit une heure environ, je me régale.
Peu après, sans que le rythme change notablement, on quitte la province de Burgos pour la province de Palencia
apres le passage sur la rio Pisuerga
et j’entre avant 10h dans le village de Itero de la Vega. Une grande halte pour pèlerins est tout de suite là et ils y tombent comme des mouches sur un pot de confiture.
Devant le monde étalé, je regais une ccccc et je poursuis ma route jusqu’à la sortie du village ou un bar-restaurant, le Tachu, n’attendait que moi pour exister. J’y commande une part de tortillas avec café et jus d’orange, puisque ça, je sais le dire. Il me faudrait encore des cours pour un boeuf Marengo.
Et me revoilà en route pour mon marathon. Il est 10:20, cela me laisse trois heures avant la fermeture du bureau. Mais il faut y être avant, disons à 13h. La distance est de 13 km d’apres le guide, soit 3 h si je ne vais qu’à 4kmh. Donc, il faut faire 5 pour assurer mais j’en ai deja 12 dans les pattes, parcourus à mon rythme maxi wur cette petite route entre les champs. J’y crois quand même et je fends l’air du plateau agricole qui m’encourage.
a 11:40 je suis a Boadilla del Camino. 1h30 pour faire 6km, ca reste possible mais je suis fatigué. Si je m’arrête pour manger, c’est râpé! Donc, en passant devant une Albergue pres de l’église
je prends juste un sandwich jambon-fromage (aïe, le regime tendinite!) que je mange en marchant. Cest un chemin caillouteux qui commence ici et je ne peux aller aussi vite mais il débouche a 12:10 sur le canal de Castille et ne le quittera pas jusqu’a Fromista.
Mes faiblesses aux pieds redeviennent sensibles, ma hanche qui ne disait rien depuis 10j me lance parfois une brûlure qui me fait plier la jambe. Ce sont des avertissements et je les entends, mais le but aujourd’hui, ce n’est plus le chemin, c’est la poste!
Un virage enfin, et une écluse .
Cest Fromista. Il est 1h moins dix. Cest chaud! Plus qu’à trouver la poste. Je siffle et Google répond, fidèle, et d’une voix suave m’indique la direction à suivre. 13 mn: J’ai gagne!
Je suis brisé mais en poussant la porte du bureau, un grand calme retombe sur moi. Je pose mon chapeau et mon sac, et dans sa jolie langue, j’explique à la fonctionnaire souriante que je veux ‘uno carton para enviar uno paquete de ropa en Francia’. Malgré ce ‘petit negre’ espagnol elle me fait l’opération grace au fichier d’aide de son ordi et pour 25€, je sais que je vais recommencer à trouver mon sac amical. Je devais bien ça à mes pieds, avec le mal qu’ils se donnent
Je repars tranquillement dans la direction de l’Albergue municipale, toute proche et y arrive pour l’ouverture en me disant que la poste doit fermer.
Inscription ( le francais de l’hospitaliere ressemble à mon espagnol), 9€+2,50 de petit-dej, puis douche, lavage et étendage . Le Tshirt et le slip etaient trempés de sueur.
J’enfile les sandales qui mettent mes pieds en vacances et vais manger une salade. Il est 14:30. J’ai gagné mon challenge: j »arrose d’une bière!
ce soir ce sera menu pèlerin au resto, le chemin reprends son cours habituel.