2018-Portugal-13_Tui – Redondela

14 septembre

33 km en 7:00h

Les 2 petites tchèques m’ont réveillé à 5:00. Alors je finis par me lever à 5.30. Je suis dehors à. 5:45.!

Remarque, c’est calme.

Il fait nuit mais l’éclairage public est en service. je me dirige vers la sortie de ville, directement par la rue principale d’où je sais que je vais croiser le Camino.

Les rues sont absolument désertes. Je ne risque pas de trouver un café déjà ouvert pour déjeuner .

Je resserre ma ceinture ventrale car les bretelles pèsent sur mes épaules.

J’approche du réglage maximum!

J’espère que je n’ai pas maigri! Peut-être aurais-je dû manger hier soir autre chose qu’une bière et ma banane mais le repas tardif du midi ne m’y a pas incité .

Concernant la machine qui me sert à transporter ma conscience, tout va bien ce matin, comme hier.

D’ailleurs. j’ai réalisé en me couchant que je n’avais eu
aucune douleur de la journée. Pas même celle de ma cervicale dans l’épaule gauche.

Soit la marche me la réserve pour plus tard, soit je l’ai tellement intégrée qu’elle a disparu. Enfin ne rêvons pas, je suppose que ce n’est pas pour longtemps.

Qu’importe, pour l’instant présent, tout va pour le mieux au niveau du physique.

Rien ne vaut une petite dizaine de km par jour pour lui restaurer sa fonction d’origine: la marche.

Voilà il est 6h10 et je viens de retrouver le chemin avec ma première marque de parcours. Il faudrait maintenant que le jour se lève un peu car en quittant la ville je risque de trébucher et la frontale, bien sûr, est au fond du sac. Heureusement il y a le téléphone.Indispensable dans tous les domaines.

Hélas comme je le redoutais, c’est la nuit noire et je ne vois pas du tout le chemin. Je viens de manquer ma deuxième marque de parcours donc j’ouvre le sac, et comme il est bien rangé (si,si!), je retrouve rapidement la frontale. Je peux repartir dans la bonne direction. Je ne l’allume pas en permanence, pour laisser mes yeux s’habituer à l’obscurité et seulement pour contrôler de loin en loin s’ il y a toujours une flèche jaune sur le côté de la route dont nous sommes séparés part un rail sécurité.

C’est une sensation hors norme que de se déplacer ainsi dans le noir total le long d’une route déserte.

Le ciel est couvert d’étoiles que, hélas, l’objectif de mon modeste téléphone ne peut pas saisir. La température est meilleure qu’hier, il doit faire 17 degrés. Mais nuit noire, seule ma lampe me définit un espace utilisable.

Comme je vois que j’ai plusieurs kilomètres avant de quitter la forêt, je prends une barre vitaminée en guise de déjeuner et tant que j’y suis je m’installe pour une commission urgente en me disant que j’aurais été bien plus
à l’aise à l’hôtel. Ne jamais partir sans faire le minimum pour ce corps qui nous véhicule: Vidange et pleins!

J’espère pour l’instant qu’un troupeau de sangliers ne va pas passer là !

Avec un bâton, j’enfouis précautionneusement le produit de mon méfait et repart dans l’obscurité.

Parfois, ma lampe frontale éclaire deux yeux au ras du sol mais qui ne s’approchent pas. Chat ou hyène je ne le saurai jamais mais pour sûr ce n’était pas une girafe.

J’apprécierais tout de même que le soleil se décide à quitter ses draps.

A 7h 15, j’arrive directement dans un village accroché au bord d’une route et qui dispense quelques points lumineux.. Au bout, après un carrefour où sont plantés cinq Croix lugubres en enfilade, le chemin retourne se perdre dans l’obscurité de la forêt.

Mais au dela des cîmes, le ciel commence à bleuir. Je ne désespère pas qu’il finisse par blanchir et remplacer le pâle halo de ma lampe de mineur.

Je débouche sur un large pont de pierre, sans parapet, qui enjambe une rivière.

Il vaut mieux avoir un bon éclairage quand on arrive ici dans le noir complet.

Puis le Chemin longe la rivière en s’enfonçant toujours dans la forêt. Le bruit des camions, à quelques distances, m’interdit de croire que je suis au fond de l’Afrique.

Il refait plus froid à nouveau sous le couvert de la végétation.

C’est une toute autre vision de la randonnée qui vous est donnée lorsque vous vous déplacez la nuit dans les bois avec un simple halo lumineux de 3m de diamètre.

-7h30 j’arrive sur une petite route et le ciel réapparaît en dispensant enfin une lueur blafarde.

À 7h40 je range la frontale et à 7h45 j’entre dans un bar pour petit-déjeuner. La vie reprends un court normal, éclairé !

J’en sors à 8h10 j’ai charrié un peu sur la durée mais j’ai bien mangé.
Je traverse maintenant une longue zone industrielle, sans intérêt pour le pèlerin mais déjà largement butinée par les poids lourds.

Et la longue ligne droite qui la quitte me promet un ennui certain pour longtemps.

Enfin à 9h je sors de la zone en passant sous l’autoroute, mais on continue le parcours en longeant la nationale vers O’Porino. Au fond j’étais mieux dans la forêt avec les deux point lumineux qui me regardaient qu’au bord de ce goudron raboté à grand bruit par les autos.

O’Porino est à 2 km et déjà je n’ai plus envie de m’y arrêter.

Et encore, s’il n’y avait que le bruit et la vue, mais le flot de véhicules dégage une odeur de carburant nauséabonde. Mes poumons crient de douleur après les 2 semaines de nature que je viens de leur offrir.

Cette partie du chemin est vraiment à proscrire.!

L’entrée dans cette grosse bourgade, réputée pour ses production de granit rose depuis les Romains, ne m’inspire donc que l’envie d’en sortir.

Air connu, peut-être, mais mes poumons n’ont pas été conçus pour

recevoir autre chose que de l’oxygène et j’ai encore besoin d’eux.

Il est 9h30. j’ai dû faire 15 km.

J’écarte donc les bras, et je pars, où le vent me pousse aidé en cela par une coquille de Saint-Jacques qui m’invite à contourner l’église et à suivre mon

instinct, malgré la beauté des monuments que je vais frôler…

À une fourche, alors que j’hésite un instant en reniflant l’air du large et de la foi, un taxi me klaxonne en m’indiquant la bonne direction pour Santiago.

La grande ville n’a donc pas affadi le respect pour les pèlerins (surtout s’il ne demandent pas d’argent ), et je quitte enfin la ville en passant sous l’autoroute pour retrouver le calme d’une ancienne voie, parallèle à la nationale., et bordée de vignes offertes.

Je suis bien conscient que je viens de zapper une étape peut-être intéressante avec cette ville, mais

encore faut-il trouver du plaisir

à ce qu’on fait et qui n’est pas forcément ce que les

autres en pensent.

Et moi je préfère voir des fleurs plutôt que des stations-service.

Je suis apparemment le seul pèlerin sur ce chemin aujourd’hui. Je n’en ai pas vu depuis mon départ et je me demandais si, informés par quelques biais, ils n’avaient pas tous pris le bus jusqu’à Pontevedra?

Mais non je galège.

À 10h30, avant d’arriver à Mos, se trouve une auberge qui fait café bar et à laquelle je m’arrête prendre un jus d’orange pressée , et un crème:..

10.45 Je repars.

Une cagette en chemin contient quelques tomates bio . J’en prélève une et remercie le donateur.

Cette partie du chemin, bien que sur des petites routes de village, est beaucoup plus agréable que ce que j’ai vécu ce matin. Je ne regrette donc nullement d’avoir abandonné O »Porino.

Je passe au centre de Mos à 11h10: peu de commerces, seulement  une collection d’épouvantails, une jolie fontaine pour désaltérer le pèlerin, une église et un café.

Derrière, j’aborde la montagne.

11h30. j’ai 20 km au compteur. Aujourd’hui j’espère pouvoir manger au prochain village ,dans environ une heure .

Avec le dénivelé je retrouve enfin quelques pèlerins que je remonte lentement et qui sont sans doute partis ce matin de O’Porino.

Le paysage est redevenu magnifique avec l’arrivée de la montagne.

À midi je n’ai plus personne devant moi mais le chemin monte toujours… On débouche enfin sur une route au-delà de laquelle le camino commence à redescendre.

J’en déduis que c’est le col et le GPS indique 264 m: cela correspond aux

informations du guide Lepère.

Le cap difficile de la journée est donc passé.

Maintenant ça va redescendre tranquillement jusqu’à Redondela .

Le chemin est toujours magnifique, le temps est beau, que du bonheur de marcher loin des villes!

12:30 a Vilar, il y a un bar. C’est un peu tôt chez eux pour servir un plat chaud. Ce sera donc un sandwich Chorizo/fromage et une bière, tant pis pour mon régime.

Faut se soumettre aux coutumes locales et savoir être espagnol quand on rentre en Galice. Et puis j’en suis à 27 km, je peux me permettre un petit écart…

C’est drôle, dans ce café où on parle espagnol, je me sens un peu chez nous, après ces 10 jours au Portugal où je ne saisissais pas un mot.

J’ai même passé ma commande en espagnol, merci Manuel!.

13.25… je me suis arrêté longtemps, mais j’avais marché longtemps.

Je suis reparti en rêvant un peu. Le soleil, le repas, le bel environnent, l’approche du but et l’absence de douleurs m’ont totalement apaisé.

à 14:40 J’avais ma place dans une chambre de 14 lits à l’ albergue « Casa da herba », après en avoir visité 2, déjà complètes, car nombreux sont ceux qui réservent à l’avance, ce que je ne veux pas, pour pouvoir me décider dans l’instant présent (le seul qui existe), toujours avec l’aide de Kairos, mon maître du ‘ Moment propice ‘!.

Mais vous, faites comme vous voulez, chacun sa vie, y’a pas de règle!

De là, vous savez: douche, lessive, étendage…

installation des draps sur le lit et enfin, le tri des photos…. qui amène direct à la sieste, impromptue.

On ne fait tout de même pas 8h de marche et 33 km sans un petit coup de mou quand on s’allonge.

17:00 une petite bière ‘Pérégrina’  et je reprend le tri.

Les photos ne partent pas!…. Réseau?

Je sors pour me décontracter de ce nouveau soucis.

Dans une boutique de téléphone, j’acquiers une carte Sim locale pour essayer de résoudre ce problème.

Hélas, je ne trouve pas d’amélioration notable et mes essais finissent par bloquer le système. ..

Je retape mes notes, j’essaie à nouveau de me connecter .. idem.

Il est minuit. je m’endors.

J’abandonne.

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