j9. Agés –  Burgos. 24 km 6h.

Après une nuit tranquille dans la chambre avec 5 pèlerins (si quelqu’un a ronflé ce sera moi), l’agitation reprend à 05:45. Je traîne jusqu’à 06:15 pour laisser partir les excités avant de déjeuner, à la demi.

 Départ a 7:00,  J’ai mis les jambes de mon  pantalon en pensant au froid d’hier mais la temperature est bien remontée. Il fait nuit, je cherche les flèches jaunes sur le macadam où commence le chemin. Mon pied droit s’éveille douloureusement mais je sais qu’il va s’echauffer et les premiers kilomètres défilent vite.

7:45 Attapuerca, le chemin tourne vers la campagne et débute l’ ascension sur le Matagrande avec beaucoup de cailloux. 

Il commence à pleuvoir et j’enfile sur le sac la jolie cape orange à 20€ (Arrrgh!) et remplace ma polaire, qui m’étouffe dans la montée, par le coupe-vent technique à membrane MP de chez Vertical: 100g de pure technologie!  Je profite du Camino pour éprouver mon matériel  qui dort souvent au fond du sac à dos, car on préfère randonner par beau-temps le dimanche, bien sûr.

8;00   Le sommet du chemin débouche sur un vaste plateau qui débute par une croix plantée.

puis un labyrinthe de pierres en spirale à l’utilisation ésotérique incertaine,

et enfin un panneau en dialecte local dont je demanderai la signification à Manuel (mon professeur d’espagnol) en espérant qu’il n’est pas écrit que ‘celui qui passe cette limite soit maudit pour trois générations ».

Alors nous apparait une vue superbe sur la plaine de Burgos où on découvre avec plaisir qu’elle est en bas et que donc, les montées, c’est fini pour aubourd’hui!   Et on amorce la descente vers une route goudronnée qui ne nous quittera plus. On revient dans le monde du déplacement rapide où les points colorés évoluant sur les bas-côtés font figure d’anachronismes (même si leurs semelles sont dérivées du pétrole).

8:45  Variante par les villages. Le chemin historique a été légèrement déplacé axin de traverser les villages plutôt que des tas de cailloux, ce qui permet aux marcheurs encore humides de s’entasser dans la première échoppe venue pour y démarrer la journée de grignotage.

9:00 Cardeñuela Riopico  

Notant que , au fond, Burgos est à 15 km soit au moins 3 h de marche, je me fond dans la foule et commande un cafe au lait et un gâteau déraisonnable en l’état de mon estomac et que je pourrai finir. Mais j’ai ainsi retrouvé les ‘tombés du lit’, et donc confirmé ma théorie du petit déjeuner avant les chaussures.

 9:30 depart  village,  route déserte, mais c’est samedi. 4 km puis passage sur autoroute, et 2.6 km autour de l’aéroport jusqu’a l’entrée  de Villafria longue zone d’activité déserte aujourd’hui. Des heures de marche ennuyeuse mais propices à l’introspection et à la recherche du 《pourquoi je suis quand même content d’être là ?》. 

J’aurais pu arriver par le rio, mais le Guide michelin 160 ne le dit pas, contrairement au miam-miam-dodo, plus complet mais plus lourd et qui ne tenais pas dans la poche du pantalon.  Cela explique aussi que mes 10 km de marche après l’autoroute aient été très solitaires. Je pensais que les autres avaient pris le bus!… Médisance ordinaire et justificative. 

  J’entre dans Burgos à11:30, mais il reste du chemin jusqu’a la cathédrale où sont les auberges pour pèlerins.

en y arrivant je m’étais presque résigné à aller aller à l’albergue municipal, 150 lits, mais en voyant les sacs a dos qui prenaient tous  le même chemin, j’ai préféré bifurquer et tenter la « divina Pastora », 16 places seulement mais apparemment située au dessus d’une chapelle avec messe et bénédiction des pèlerins. 

j’y pénètre à 13:00.

Je me laisse guider par l’esprit du chemin qui m’a fait cette proposition, en empruntant l’étroit escalier qui part dans l’entrée de la petite église. Le calme de l’endroit et la simplicite de l’acceuil me séduisent: fond de musique liturgique qui change des morceaux zen fréquemment  rencontrés, conseils de silence, de propreté (douche obligatoire!) et environnement spartiate mais suffisant: 2 douches et 2 wc pour 16, une multiprise pour les téléphones. 

   Je m’installe, conscient d’avoir fait un choix qui me convient, me lave et suspend mon petit linge humide sur un séchoir extérieur pendu à la fenêtre de la sdb et quitte l’ endroit à la recherche d’un restaurant dans le centre ancien de Burgos magnifiquement restauré.

C’est samedi et à 13:30 la ville est très animée. Apres 1/2 h de déambulation lascive en sandales  (voir hier) , je me laisse tenter par un menu complet à 12€, tandis que les établissements environnants affichent tous 20€: effet w.e.! 

   Soupe de lentilles au chorizo, filet de veau-frites, dessert, vin, café: Je me venge de cette longue traversée de ville ennuyeuse en satisfaisant ma modestie gastronomique.

    En quittant le restaurant, il est 2 h et la pluie a repris de façon notable. Je patauge pieds nus dans les flaques avec mes sandales en retournant vers la chapelle, guidé par Google pour éviter les détours.  Dès mon arrivée, je vais décrocher mes vêtements, plus mouillés qu’avant le lavage mais bénis: l’eau venait du ciel! Il seront pendus à mon sac demain.

    Un peu de repos, de blog.  La chambre se remplit comme un oeuf de jeunes americains n’ayant pas bien compris les consignes de silence puis vient l’heure de la messe: 7h. Si près (juste dessous) je ne peux manquer l’occasion de me faire bénir, ce n’est pas si fréquent.

 Nous ne serons que deux à assister à la cérémonie, une jeune allemande et moi. Le curé nous repère et nous appelle à la fin pour nous remettre et nous lire la bénédiction du pèlerin. Avoir déjà marché 200 km en direction d’une hypothétique église méritait bien de s’impliquer un peu dans son fonctionnement.    On n’est pas des touristes, nom de dieu!.. (oups!)

   Dans 2 mn: extinction des feux.  Demain, retour sur les chemins.

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