j10. Burgos – Hornillos del Camino. 20,5 km. 04:40 h

Quel plaisir, quel bonheur même, quand après une marche difficile (quelle qu’en soit les raisons), on se promène calmement dans un village isolé, sous le chaud soleil d’espagne, à la découverte de son histoire… 

Lavé, restauré, reposé, la vie est redevenue ce moment magique qu’on aime tant. Mais pour l’apprécier il fallait souffrir un peu, alors comment en suis je arrivé la?

7:00 ce matin, réveil général par l’hospitalière avec lumière et musique, toujours liturgique…

Oui 7:00! Encore un avantage de l’hospitalité chrétienne: on n’embête pas ses voisins en les réveillant aux aurores. La nuit a été calme. Seule une fille, trop jeune sans doute, a quitté le gite à 3:30 mais avec une discrétion telle que nul n’a bronché en consultant son réveil..euh, son smartphone!

   J’aurais pensé l’avoir rêvé mais son lit était bien vide au réveil.   Ensuite, tout s’est enchaîné tranquillement et c’est vers 07:45 que nous avons écouté les derniers conseils d’Alicia notre hospitalière et enfilé nos  chaussures de marche.  

Dans l’air calme du dimanche matin, je me suis dirigé vers la cathédrale pour y reprendre le Camino. Je ne veux rien vous cacher: à froid mes deux pieds me blessent beaucoup à chaque pas. L’ampoule qui stagne à gauche et surtout la tendinite (Achilléenne) malgré mes soins langoureux.

Je reprend donc lentement  pour quitter la ville et passer sur le Rio. Des pèlerins, jeunes, beaux et forts me dépassent mais qu’importe: chacun son chemin!

Pas trop de photos non plus, je suis entierement focalisé sur mes pieds, le reste peut attendre.

Apres unr heure environ, l’huile est chaude, le moteur hoquète moins, le chemin commence à défiler et le paysage à oublier la ville.

Il fait beau et je me suis trop couvert,échaudé par le départ d’hier: manches longues et jambes du pantalon. Je changerai cela à l’arrêt petit-dejeuner. Car ce matin, bien sûr, rien de tel dans le dortoir au dessus de l’église. Plus près de toi, Seigneur, on nourrit l’âme mais pour le corps, y’a Mc-do! Sauf que c’est dimanche et moi qui disait hier que je ne part pas le ventre vide, me voilà en route sans rien dans le ventre. La banane qui dort dans mon haut de sac depuis 2 jours reprend donc du service et me permet de démarrer l’étape sans appréhension.    Tiens, en fouillant dans mes poches, j’y ajoute des amandes et une barre de céréales: presque l’abondance et je ferai avec l’eau comme le curé d’hier avec le vin, je me dirai que c’est du café!    Plus digeste que l’hémoglobine.

Le paysage redevient ce que la ville nous avait ôté: ce haut plateau pelé et caillouteux où les champs se succèdent entre les plis du relief qu’il faut grqvir en se tordant les pieds mais dans une harmonie dépouillée très agréable à mon regard de pèlerin. 

A 10:30 tout rond, Tardajos recèle le bar bruyant où je vais pouvoir enfin dejeuner. C’est l’heure ‘chaude’ où les habitués du dimanche viennent se retrouver au café et je sens bien que le marcheur de passage n’est pas exactement bienvenu. C’est la premiere fois que je ressens cela et j’aurais sûrement dû choisir l’etablissement voisin mais il débordait déjà de nylons bariolés et de sacs empilées.

De deux mots il faut choisir le moindre, je me résigne à prendre une part de tortillas et un cafe  servit avec un regard agacé et que je prend dans l’arrière salle.

  Un peu plus tard, le comptoir s’est vidé (heure de la messe) et le garçon retrouve son sourire commercial pour me donner le sandwich que j’emporte sur le chemin.

Un peu plus loin, à Rabe de las Calzadas, une sympathique halte propose des breakfast copieux dans un cadre agréable. Trop tard! à noter pour la prochaine fois!  

 Une jolie chapelle marque la sortie du village : notre dame de la médaille miraculeuse.

La vierge serait apparue là en 1830. J’ai regardé: elle n’est pas restée.     On y a donc fait une médaille en souvenir, d’où le nom.

Et le chemin reprend, avec une longue ascension de 800  à 920 m d’altitude environ, histoire d’étendre un peu les distances entre pèlerins: 

    donc les forts devant et les vieux loin derrière qui risquent de trouver l’albergue complète au prochain village et de mourir sur le chemin de la suivante… d’apres une théorie en vogue chez Darwin.     Mais mes pieds, sont bien chauds, je tiens la distance et profite de la vue sur le plateau. 

     Ces immenses plateaux  me ravissent l’oeil , pourquoi les ranger si haut dans l’armoire à paysage?

Mais soudain, clou du spectacle, bouquet final, la plaine et le village-étape apparaissent au bout d’une abrupte descente. 

Descendre en 500m ce qu’on a monté en 6 km pour atteindre Hornillos del Camino où, rassurez-vous, tout ceux qui le désirent trouveront un lit. 

12:30   Entree dans le village.

     Je m’arrête à ‘Meeting point’, une Albergue récente vraiment  confortable et bien équipée, car elle me propose aussi le dîner et petit-déjeuner, formule qui à ma préférence pour un budget qui n’excède pas 22€, très mérités ici, quand je me souviens des tarifs pratiqués chez nous, qui tournaient autour de 35 €, même dans des gites vieillots et parfois inconfortables.

    Elle se finit bien, ce fut donc encore une belle journée et les longues ascensions m’ont donné ce plaisir de l’introspection, du retour sur les souvenirs, de l’espoir du futur et de la joie du moment présent: Tout ce qui se vit ici, sur ce chemin étrange qui vous fait souffrir et vous libère à la fois.

Mais qu’on ne sait pas écrire.

     Le repas collectif m’attend maintenant. Un autre plaisir simple dont je ne me lasse pas.

Bonne nuit à ceux qui s’aventurent dans mes réflexions…

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