Donc, après 25 jours de mer…euh! de marche, on serait à 50 km de St Jacques, Dieu ait son âme, et j’aurais parcouru, depuis Pampelone où j’ai repris le cours de mon chemin, quelques 664 km.
Finalement c’est ça l’important!
Le reste, l’église, l’adoration mystique des restes du saint s’ils sont là et si ce sont les siens … qu’importe au fond. Il n’est même pas de ma famille et je ne vais pas sur la tombe de mes parents, persuadé qu’ils l’ont désertée depuis longtemps. Non, l’important c’est d’être venu là, par ce chemin, tracé par les premiers pèlerins qui ont au moins ce mérite: nous avoir montré la voie. Ce sont eux qu’on devrait célébrer pour avoir eu le courage de créer cet itinéraire vers le champs d’étoiles: Compostella.
Et vous savez quoi? Rien, nada!
Tout le monde (moi aussi!) va voir Saint Jacques qui est venu à Santiago on ne sait comment, peut-être les pieds devant, ou pas du tout (les pèlerinages sont bons pour le commerce, on en a fabriqué de tous temps.) et personne ne félicite les vrais auteurs du chemin!…. Ca m’interpelle moi cet aveuglement collectif. Mais bon, j’ai pas les épaules pour refaire le monde et encore moins l’humain qui (à part ma mère) est loin d’être parfait. En plus je présume qu’avant d’arriver, ils ont dû se tromper de route et, devant l’océan immense et ténébreux qui s’étendait à leurs pieds, se dire: < Oups! y’a un ‘blême’, on a dû rater une croix, faut retourner vers l’est, mais puisqu’on est là ramassons ces coquillages pour le repas de ce soir, on gardera les coquilles, ca nous fera des cendriers.> , sinon, comment expliquer ce symbole omniprésent sur le parcours?
Et du coup, j’en finirai là, le vrai chemin, il va a Fisterra, on comptera pas le retour vers Santiago, puisque c’était le même à l’envers…
En vous regardant, là, je me demande si j’ai été clair…. Mais bon, c’est mon chemin, on dit comme on veut! Et puis c’est pas à l’ordre du jour puisqu’on y est pas encore.
Ce matin, pas d’espagnol mal élevé, les six pèlerins étaient corrects. On est là pour dormir, on dort! A 22:00, s’il n’y avait pas eu 2 ronfleurs, tout le monde était dans les vap. Mais ça a dû se calmer après car j’ai émergé à 6:30.
Maintenant que je suis grand, j’ai compris que: Quand faut y’aller, faut y’aller, donc je commence à plier mon bazar et m’habiller sur mon lit d’en haut, c’est plus dur!… mais j’y arrive, j’ai fait la procédure.
Et dehors à 06:45, le bar fermé, je vais à l’Albergue d’à côté prendre mon ‘café con leche y tostadas’ qui me va bien. Je retrouve là Christophe dont je crois qu’il a un problème avec les punaises, mais je lui ai tout dit pour l’enrayer, je ne peux faire mieux, je ne suis pas sa mère.
Et je pars seul à la lumière de ma frontale, je commence à aimer cette séance de nuit où la nature s’éveille et chante à gorge déployée, au clair d’étoiles. Dommage qu’il faille des piles chinoises pour pas finir dans le fossé. J’essaierai les bougies… non? je blague, y’a qu’à attendre une heure et partir avec les autres…
Départ le long de la petite route ou pas une voiture n’est passée. Le chemin est assez préservé de la circulation, quand c’est possible; puisqu’à l’impossible, nul n’est tenu! (je l’aime bien celui-là!)
Le chemin restera bucolique et agréable toute la journée, dans une campagne qui ressemble tant à la notre qu’on se demande pourquoi ils ne parlent pas français.
Bon, là j’aurais pu éviter de faire la guignol devant cette coquille géante, mais il faut savoir boire le vin jusqu’à la lie. Et pour l’accrocher au sac, zero! < Y’en a qu’on essayé, ils ont eu des problèmes.>…
à 11:30, je me dis que dans 5 km il y a Melide, ville où deux chemins se rejoignent: le Frances que je parcoure avec dévotion, et le Camino primitivo, qui vient de la haut, d’Oviedo, je sais pas pourquoi, je demanderai à Henri, voyez de votre côté. Mais le résultat c’est ‘plus’ (+) de pèlerins. Donc en voyant la halte restauration ‘Campanilla’, au milieu de nulle part, je décide de prendre de suite les calories sans lesquelles il me faudrait un âne pour trainer le sac.
et fort de ma cotelette-frites, je me sens capable de traverser Melide aussi vite que j’ai passé Palas de Rei vers 09:30.
Pendant que je mange, Christophe arrive avec une jeune italienne un peu border-line, puis Claudio, mon franco-italien du dîner d’hier. Je suis donc encore le premier? Ils sont sidérée de voir ce que je mange à cette heure, mais comme je dis: j’ai pas de réserve moi, je consomme tout sur la route.
Mais je ne le revendique pas, et surtout, sachant qie Christophe est peut-etre ‘habité’, je plie bagages, les laissant avec leur part de tortilla.
On sent, aujourdhui, en traversant Melide, même vite, que l’on s’approche de l’heure du spectacle, car de nombreux petits commerces fleurissent, proposant, en échange d’un tampon sur votre credentiale, un tas de souvenirs du chemin, du Saint. Des gadgets, des casquettes, des églises en plastique… La ferveur monte. Tout le monde a sa coquille depuis longtemps, il faut proposer plus, et ça marche.
J’arrive dans Melide. Je peux pas courir à cause du sac, le pèlerin est partout.
Je trace jusqu’à la sortie et prendrai un café, dans le dernier bar du chemin, que je n’avais pas pris a Campanilla.
Retour à la campagne, 13:45, 25 km sous les talons, le prochain goal est une auberge. Boente, 6 km? ca roule. Plus loin, 6,2 km serait trop loin: jaurais consommé toute ma cotelette…
Le paysage reste ravissant.
15:00. correct! J’entre dans L’Albergue et j’ai le premier des 12 lits du dortoir: gagné, je couche ‘abajo’… en bas!
lessive, douche, bière, blog… Vous savez!
On change pas une affaire qui marche!
Oh non ! pas déjà fini dans 50km ?! moi qui guette avec impatience tes écrits remplis d’humour, d’émotion et de dépaysement ! Allez, arrange-toi pour faire un peu durer les choses…
A bientôt…
Mais il y a Fisterra, Marie, le vrai bout du chemin, la fin du monde! Je veux voir ça moi aussi. Reste à l’écoute.