j20. El Acebo – Pieres. 31.50 km… 8:10 h

Difficile aujourd’hui: pas de Wi-Fi! on va voir.

D’abord les chiffres, puisque j’ai dit que je m’en tiendrai là…

    Mais si je ne dis rien, inutile que j’en parle…

Bon cette image a mis une minute pour partir, va falloir se calmer.  Je propose à veux qui veulent vraiment savoir comment c’était, de venir voir sur place, en attendant que mes photos trouve le chemin, elles aussi.

   Donc grosse journée. Il fallait continuer à descendre de la montagne, puisque les anciens ont posé la ville (Ponferrada) dans la vallée, et surtout traverser ladite ville, ce qui devient, avec le calme du chemin, un trajet moins agréable que les crêtes sous le soleil… enfin pour moi, car chacun son chemin et j’en vois qui se jettent chez les marchands de glaces… mais on a besoin de tout le monde, y’a pas de règles.

Donc 6:00, j’émerge.   Ca me parait raisonnable puisque les hospitaliers (donativo) nous propose une collation à partir de 06:45. Et je m’étonne encore que des marcheurs fous ( appréciation personnelle dénuée de fondement et ne reflétant que ma surprise) puisse avoir quitté le dortoir sans nous réveiller afin de se fondre dans la nuit noire.  Surtout que la descente promet d’être comme hier: un jeu de massacre.

   Mais bon,  chacun sa route. Je range doucement mes affaires car je suis sur le lit du haut et d’aucuns  veulent dormir encore. Je vous rassure, ils n’y arriveront pas, cest la dure loi du chemin. Avant de descendre, j’applique la pommade sur mes deux chevilles et les enrobe avec de la bande de gaze. Je ne suis pas certain que ça aide, mais ça me permet de faire quelque chose pour elles en échange de l’effort inhabituel que je leur demande .

     Petit déjeuner convivial et sommaire avec les hospitaliers et les deux italiens que je retrouve régulièrement, puis ‘buen camino’ et  chacun reprend le cours de son destin, le regard résolument tourné vers l’ouest où il n’y à rien à voir car à 7 15, on n’y voit goutte! J’allume donc ma jolie frontale de Decathlon (85g, unique critère de  choix!) et démarre ma play list.

La lune puis le soleil finissent par nous accompagner, comme d’habitude, pas de surprise. 

On se decouvre sur la route, ce qu’on savait déjà, heureusement!

je dis ‘on’ parce qu’on suit tous le même sentier, mais je suis seul, Les départs s’enchaînent au gré de la préparation de chacun. Il n’y a pas de précipitation, pas de comparaison, on s’eloigne à son moment, c’est tout.

     1170 m au départ, 930 m à Riego de Ambros, 4 km plus loin… Ca sent bon la descente tranquille, route pour l’instant.

    Mais à partir de Riego de Ambros, cest là qu’on reprend le toboggan. Je vous montre le schéma du Michelin 160:

Cetait pareil en vrai: 300 m de cailloux à dévaler, manifestement dans le cours d’un torrent de pluie… Encore heureux qu’il ait fait beau ( bis repetita).

et presque en bas, la preuve:, le ruisseau:

mais la descente scabreuse était finie. Encore que j’aurais pu la faire tranquillement et on aurais juste parlé d’un passage delicat, mais en descendant comme un cabri avec 10 kg sur le dos c’etait la foire du trône! On se refait pas. 8 km en 1h45, j’ai pas chômé mais ça descendais je vous dit.  A 9:00, j’entre à Molinesca. Jolie bourgade  pleine de cyclo-pèlerins à cette heure bourgeoise.

Un rapide calcul me dit que je n’ai pas faim, donc je ne la vois qu’en passant. 

Toutes ces petites villes sont embellies sur le passage du Camino mais il vaut mieux ne pas s’eloigner du chemin, ce que je fais, et a la sortie, c’est la route à nouveau avec une longue montée plutôt triste.

et à la fin, certainement pour nous éviter la banlieue de Ponferrata par le bitume, un détour inutile par 2 villages déserts sans même un simple café que j’espérais y trouver.

10:30 cafe a l’entrée de Ponferrada. 10′

L’entrée de la ville se fait, pour nous comme souvent, par le centre ancien, tres beaux monuments, le patrimoine est superbement restauré.

photo

J’ai décidé de profiter de la grande ville pour acquerir un tshirt qui me fait defaut les matins frais : en merinos a manches longues. Je demande a Google une adresse de magasin de sport et commence a traverser la ville  sur ses conseils. Apres un bon moment, je constate qu’il m’emmène vers la périphérie Est, vers une zone commerciale extérieure et j’abandonne mon projet pour revenir vers le centre.  Bequcoup de monde, circulation, bruit, boutiques luxueuses, rond-points… et pas de commerce adapté sur mon trajet. J’ai l’air d’un alien avec mon sac vert et ma coquille st Jacques dans cette ville moderne.

 Vous avez compris que mon seuil de tolérance est vite atteint ici: On ne circule pas dans un centre commercial comme sur le Chemin. « Les gens travaillent ici, Monsieur, on ne rigole pas. » Et contrairement aux villages, mon accoutrement ne génère aucune priorité, traverser les rues impose vitesse et gymkhana entre les véhicules redevenus les maîtres de céans. J’abandonne ‘Gogol’ et verrouille mon gps sur l’Ouest et ses mystères en visant une artère rectiligne au doux nom de Route du Chemin de Santiago qui m’éloigne du centre moderne et ses néons hypnotiques.  Va falloir que je me reéduque quand je quitterai mes bottes.

11:30 quand je commence à m’extraire de Ponferrada, ca commençais a bien faire. La 2×2 voie que je longe a bien changée depuis le temps ou elle n’était qu’une trace à travers la plaine pour rejoindre le ‘Champs d’étoiles’: Compostelle.

Mais elle m’amene fans la bonne direction, et après 1h15 de marche rapide sur l’avenue qui se réduit a mesure, je rejoins Camponaraya, d’où arrivent les pèlerins que le tracé moderne a détourné par le nord de la cité. J’ai dû gagner 2 km en préférant l’axe historique: un peu de bonheur dans ma déception. La ville m’a encore déçue, je n’ai pas eu l’heur de lui plaire. Tant pis pour elle, je reviendrai en auto si je dois l’apprivoiser.

   A Camponaraya, les aiguilles sur l’horloge de l’église proposent 12:45 h, ce que je prends comme un signal fort pour renouveller mon stock de calories et apaiser la température de mes pieds qui frôlent les 23 km depuis que j’ai éteint ma frontale.   Une belle assiette de spaghettis sauce épinards devrait y parvenir. J’ajoute une banane, pour la route, que je stocke dans la poche supérieure du sac (accessible en marchant) et je me joint aux quelques courageux qui n’ont pas voulu rester ‘magaziner’ à Ponferrada. 

Conscientes de leur erreur, les aiguilles de l’horloge se sont déplacées et affichent maintenant 13:10, ce qui est tout à fait approprié.

    Oubliée la ville: le Camino court à présent dans la campagne , entre bois et vignes au gré des variations de terrain, jamais violentes. La plaine est là, mais elle n’a rien à voir avec les grandes étendues cultivées du début de la Castille. Ici le paysage est a taille humaine mais déjà la prochaine  chaîne de sommets à franchir encombre l’horizon.

A 14:00, le chemin enjambe un ruisseau, le coin est bucolique et me rappelle l’Aveyron en été dans la partie francaise de la voie du Puy. Ma cheville gauche me fait du pied pour que je m’arrête. J’y concède avec joie et dépose le sac dont le poids semble augmenter avec les kilometres et j’enleve mes chaussures pour immerger mes compagnons de voyage dans l’onde claire…. et fraîche! Dieu que c’est bon!

     Je constaterai, tout a l’heure, que ce traitement est plus efficace pour désenfler ma tendinite que l’enduisage au Voltarene. Dommage que le ruisseau ne tienne pas dans ma pharmacie, et ,raisonnablement, je ne puis rien ajouter à ma charge.

  Ragaillardi par la manoeuvre, je quitte le cours d’eau, non sans observer  si   » ma commère la carpe y faisait bien mille tours avec le brochet, son compère »!         ( pour les plus de 40 ans.)

14:40   Cacabelos. Encore un joli bourg bien restauré et animé par le passage du chemin. C’est là que je pensais m’arrêter, en partant ce matin. A cause de la distance. Mais j’ai gratté 2 km en m’enfuyant de Ponferrada par la bande, alors je décide de les remettre dans la balance.   J’ai bien fait de céder à la halte du ruisseau car les 2 km rajoutés ici ne sont qu’une interminable montée au long de la route. Je ne rattraperai pas les deux pelerins qui sont devant car je ralentis, en même temps qu’ eux , devant l’épreuve qui se joue en plein soleil (27° ce jour) car les routes ne sont plus ombragées au temps des chevaux vapeur.

     Juste en haut, petite halte de récupération où je les rejoins pour realiser que nous sommes devant l’accès au gite convoité: ‘El serbal y la luna’.  Fin de l’épisode mobile du jour pour viser douche et lessive: notre méditation quotidienne.

       Le gite est rustique, campagnard (on y cotoie des poules, pas de wifi) et confortable bien que assez petit: seule une vingtaine de personnes y peuvent séjourner.   L’hospitaliere  est espagnole mais une volontaire française est à l’acceuil, je peux m’abandonner à ma fatigue.  J’arrête le gps qui me dit 31,50 km. Pari tenu donc, mais je connais ma limite a présent

    Le repas du soir est une salade piments-oeufs, le plat un excellent couscous aux légumes. Tout est ‘maison’, les compliments fusent.

   Mais…..

Mais je me gratte le bras gauche, machinalement et Marie la Quebecquoise me fait remarquer que j’ai deux boutons là, en ligne…

    J’ai clairement croisé des punaises de lit sur un de mes récents sejours et l’avenir proche s’assombrit un peu…

Dans la soirée, je mets tous mes effets dans la machine à laver (non séchante…) et sors mon sac à dos de la chambre. J’enfile un pyjama prêté par les résidents et me glisserai dans un sac à viande d’emprunt lui aussi.

Ce mal du voyageur, le seul danger du chemin, m’a touché et donc beaucoup d’autres aussi sans doute qui n’ont encore rien dit, et l’éradication difficile va handicaper ma quête du Graal.

   Faut que je trouve vite un gite équipé d’un congélateur, mais pas pour les pizza…

     Que seront devenus les jolis vêtements fragiles et hors de prix après un lavage à 60°? 

Nous le saurons peut-être dans un prochain épisode. Ne quittez pas l’antenne…

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