Roncevaux, l’abbatiale devenue usine à pèlerins. Mais une usine moderne, efficace et confortable. .. pour un gite de 183 âmes vagabondes.
Bien sûr, le premier soucis est l’abri, le repos. A ce sujet, rien à dire et les ‘cellules’ de 4 lits,
avec casiers à clefs, draps jetables et prises de courant sont admirables de confort, comparées au nombreux gîtes privés ci-avant rencontrés. Ajouter à cette performance l’espace cuisine hyper équipé, la zone lavage, les zones wifi et détente, des toilettes ultra modernes, et tout cela pour 12€ la nuit, vous aurez compris qu’on est plutôt heureux d’arriver à Roncevaux après ce qu’il est quand même juste d’appeler une étape éprouvante.
Cependant, il est un domaine où l’abbatiale ne s’investit pas, c’est la nourriture du pèlerin. Cela est laissé à la discrétion de ‘casa Sabina’, un endroit assez infâme où l’on se nourrit pour 10 € le soir et 3,50 le matin étant entendu que même à ce prix on espérerait un peu de respect envers ces centaines de pèlerins quotidiens épuisés. ..
Mais je m’égare, la halte fût parfaite si on n’y prend pas le ticket repas… au resto ‘casa Sabina’. Encore que, quand on a faim…
Donc, presque poussé dehors après 10 mn de frugal petit déjeuner , je serre mon sac et démarre la découverte de la Navarre. Le début du chemin est confortable est agréable et largement tracé.
Je comprendrai plus tard qu’il en est ainsi sur l’ensemble du tracé, le grand nombre de pèlerins obligeant à sa considération.
J’ai conversé, en anglais, avec Kent,un malaisien que je rattrapais, on a ainsi marché 2 heures ensemble, une rencontre agréable de mon chemin. Les provisions pour midi ont rompu le lien, je comprendrai plus tard que l’affluence de points restauration rendent inutile de transporter un casse croûte .
Le Camino en Navarre est large et agreable, et je marche depuis ce matin avec un réel plaisir, comparable à celui que j’avais eu au tout début du chemin en France, après Le Puy.
On y marche vite et les pèlerins sont moins nombreux que je l’imaginais. les km defilent plutot rapidement.
Vers 11:30, nouveau point chaud (c’est dimanche), une roulotte au croisement avec la route. Je prends un café et j’emporte une boisson. De suite après, je suis abordé par un homme avec des flyers a la main. Je pense a la secte et me prépare a l’écouter joyeusement, mais il me propose simplement son Albergue San Nicolas, , gite privé au confort moderne, à Larrasoana plus loin sur le chemin. Je prends le papier et le remercie et reprends ma route.
Quelques minutes plus tard, je croise un pèlerin épuisé, qui revient de Santagio, à pieds (si, si!). Je lui dis ‘bonjour’ et se réjouissant de croiser un français, il me parle un moment.
Il vient de monter depuis Zubiri une cote longue et abrupte et il est en sueur. En devisant il me dit venir du gite en question, et qu’il est vraiment bien, tout neuf.
J’avais pensé m’arrêter à Zubiri, environ 21 km pour cette étape , (d’après quelques pages d’un guide récupéré dans une poubelle de Roncesvalles, n’ayant rien d’autre pour l’Espagne ), mais après la fameuse descente , mémorable par le plaisir et la vitesse que j’ai eu à la dévaler , je suis arrivé à l’entrée du village. Il est 12:15 !
Du coup, je décide immédiatement de poursuivre jusqu’à Larrasoana et je vois d’ailleurs deux jeunes pèlerins qui font de même. J’entame la conversation avec Kevin, et nous marcherons de concert jusqu’au gite Albergue San Nicolas.
Nous sommes bien reçus, par le gars qui m’avait abordé ce matin, et il nous installe dans une chambre de 6, avec des sanitaires flambant neufs. Vraiment un bel endroit pour dormir, 11€ la nuit et 11€ le repas collectif du soir, on est à moitié prix par rapport aux tarifs en France. Viva Espagna!
Apres les ablutions habituelles et la petite lessive du jour qui séchera au soleil, on part à l’unique café du village boire la bière qui désaltère le pèlerin épuisé et regarder passer ceux qui arrivent.
à 19:00, pour le repas, les tables seront pleines, une quinzaine de marcheurs au moins dormant ici et l’ambiance sera belle et bonne. L’anglais est dominant à notre table, à cause d’une irlandaise et d’une italienne, et joyeuses incompréhensions à cause de français qui ne pratiquent pas tous cette langue et rendent ces joyeux moments inoubliables.
Comme d’habitude, vers 21:30, chacun se glisse dans son sac à viande et les ronflements remplacent les rires.
Belle étape, belle journée. L’Espagne sur le Camino m’a réjouit.