mardi 11 septembre 2018
33km 7h
Le bruit dans l’albergue commence a 5h30. Il y a toujours des angoissés qui veulent partir avant le jour. Du coup tout le monde, moi compris, se réveille. Et on s’agite et on réveille les derniers. …
J enfile les vêtements lavés la veille et range dans un silence relatif le contenu de mon sac. J’ai le matelas gonflable en moins et le produit contre les insectes de lit en plus. Ayant peu de vêtements, je constate qu’il me manque un slip! Dans doute oublié sur l’étendage à São Pedro. à remplacer donc, j’ai le maillot de bain pour les urgences: le lavage.
Depuis le départ je mets la même tenue, lavée quotidiennement. Un short noir de Decathlon, mon Tshirt bleu de la fédération de randonnee (mon Gr) . Seuls tournent les chaussettes (3 paires,toutes doubles) et le fameux slip (2 plus un maillot de bain)
6:50 je quitte le gîte. Au moins ne fait-il pas encore chaud.
7.00 petit dej.avec toast jambon et fromage avant de sortir de Barcelinos. Faut tenir!
Sortie de ville pas désagréable et on est rapidement dans la campagne et la forêt. La marche s’installe agréablement. Les douleurs sont absentes et ne reapparaitront que plus tard. ..
9:45 à Aborim: petit détour de 200 m pour arrêt crême , jus orange et sandwich à emporter. les arrêts sont importants sur le chemin car je marche à près de 5 km/h et je consomme beaucoup de calories que personnellement je n’ai pas en réserve et je perdrait des morceaux si je puisait trop à l’intérieur. ..
10h tout rond, je
repars en empruntant la route N204 peu fréquentée jusqu’ au croisement avec le chemin.
Le soleil donne il fait de plus en plus chaud 27 ou 28 degrés et je n’ai pas beaucoup d’ombre pour l’instant. Etant sur l’ancien tracé du Caminho, (au Portugal, il y a un h),les vignes plantées au bord de chemin par les anciens ne sont plus dévalisées et je cueille avec plaisir une grappe qui m’aidera dans cette lutte inutile avec le soleil.
c’est un vrai bonheur j’avais chaud et le raisin épanche ma soif.
je passe à Poiares et de suite à Vitorino de Piães.
De là, j’ai été détourné par 1 habitants désœuvré du coin qui voulait à tout prix me ramener sur le nouveau chemin . Je l’ai rapidement laissé pour reprendre l’ ancestral. Je veux éviter l’ascension inutile que je vois sur le nouveau. Fatiguer le pèlerin : un crédo local.
11:40 arrêt 15mn pizza , eau, café.
faut tenir! Le sac est redevenu lourd et
le haut de mon épaule droite me brûle.
J’ouvre mon sac pour y récupérer le flacon avec l’huile essentielle que Marine m’a donné. Le soulagement est presque immédiat.
Je reprends le chemin historique dont je sais qu’il m’a fait éviter la montagne :J’ai donc marché plus vite, c’est toujours ça de pris et à 12h10 je me retrouve sur le chemin actuel. J’ignore s’il m’a fait gagner un peu de temps mais sûr il m’a évité un peu de fatigue.
12h30 d’après Alpinequest, j’aurais fait 22 km donc en 5h ce n’est pas si mal. il m’en reste au moins 10 soit encore 2h ce qui fait 14h au gîte c’est jouable: j’ai bu j’ai mangé je peux continuer cette étape de 33 km.
13:00 il doit faire 30 degrés maintenant.
Mais l’arrivée vers Ponte de Lima est en descente quasi continue.
Par contre je vois se profiler à l’horizon des montagnes qui doivent nous séparer de l’Espagne et j’imagine qu’il va falloir les franchir un jour.
13:15. un café en face à Seara: plein de pèlerins. J’ai trop chaud, je commande une bière:1€ .C’est le prix au Portugal. Au moins le double chez nous. Et au tonneau de Suzanne, combien ?
il reste moins de 5 km, je suis en sueur. On a dû retrouver les 30°.
Ma douleur à l’épaule droite est revenue mais je n’ai même pas le courage d’ôter mon sac pour boire. Et je repars vite dans le four portugais!
Inutile de traîner à l’ombre du café alors qu’il nous reste du chemin à parcourir. On se repose quand on a fini. Enfin, moi je dis ça, je dis rien. Chacun sa vie, chacun son chemin. Mais c’est quand même sûr que pour bien profiter de la halte il vaut mieux y arriver de bonne heure pour enchaîner les tâches obligatoires et souhaitables avant de partager un verre et un repas avec ceux qui ont connu les mêmes épreuves ou plaisirs du jour, sur leur chemin.
13h30 je repars.
Encore quelques grappes de raisin au bord du chemin m’attirent irrésistiblement. On voit bien qu’elles sont plantées là pour que le pèlerin puisse les cueillir. Abrigado aux amis portugais.
13h45 photo avec une fleur le chemin à 3 km de Ponte de Lima. Je vois bien que à part chez ceux qui arrosent, les fleurs se raréfient. Chaleur.
Camino de Compostelle: chemin difficile, expiatoire. Si on ne le fait pas de la sorte, je ne pense pas qu’il apporte grande félicité .
Ceci dit j’arrive doucement à Ponte de Lima. La fontaine d’un riverain compatissant me désaltère agréablement.
Le guide m’apprend que l’auberge des pèlerins n’ouvre qu’à 17h. !!
Il est 14:30, je suis crevé (33km) et trempé de sueur, je voudrais: douche, sieste et wifi, dans l’ordre !
Et je décide que je rentrerai dans le premier hôtel aujourd’hui.
Ce que je fais à l’Imperial de Norte.
En rendant le réseau à mon téléphone, j’apprends, de plus, que ma dernière petite fille est née. A la liste précédente, il faudrait donc ajouter champagne!
Mais même à l’hôtel, la vie du pèlerin ne change pas et après la douche c’est la lessive, puis l’étendage. C’est à ce moment que je vois à certains balcons que d’autres pèlerins n’ont pas eu, non plus, le courage d’attendre l’ouverture de l’albergue.
Et je vais, surtout, pouvoir profiter du wifi pour m’assurer que c’est bien de là que viennent mes problèmes de blog. Les premiers essais semblent le confirmer: Les images s’envolent comme les rêves d’adolescents.
Hélas le temps court: repas du soir, encore des pâtes!, pour reconstituer les réserves .
Mais est-ce enfin la zénitude qui s’installe?, cette journée reste belle dans ma mémoire malgré sa longueur et la chaleur. Thaïs est née, le ciel est clair, la vie de chacun se poursuit et je suis là, ailleurs sans doute mais dans l’instant présent, et avançant au rythme du pas vers rien d’important. Et c’est cela l’essentiel. Tout devient beau quand c’est aussi simple.
Courage la zenitude arrive. … bienvenue à Thaïs, toutes mes félicitations aux parents , papys, mammys. Déjà tu n avances pas comme un escargot, mais la venue de ta petite fille va te donner des ailes. Bises.
Merci MarieFrance. Mais je ne veux pas voler!
Souviens toi, le ‘but’, ce n’est pas l’arrivée, c’est le chemin lui-même
bises