(expurgé.)
Une vrai journée de chemin. Le rythme est pris, on marche tous avec nos douleurs qui font aussi partie du voyage Les miennes sont raisonnables tant que je ne les poussent pas au-delà du raisonnable et que je les laisse retomber après l’effort.
Une petite correction d’abord: l’ami rencontre hier soir au dîner et avec lequel j’ai fini la bouteille de rosé comprise dans le menu ( à 10€, si!) s’appelle Georges et non Yves! Je lui ai redemandé ce midi à ‘Mansilla de las Mulas’ où il s’arrêtait alors que je le retrouvais par hasard au resto que je quittais.
Mais comment retenir un nom après 2 heures de palabres et une bouteille de rosé? C ‘est aussi pour ça que je me suis encore endormi sur le blog… Un pèlerin, ça marche, ça parle un peu mais ça n’écrit pas.Il faudrait s’arrêter pour ça, mais un pèlerin, ça ne s’arrête pas.
Et d’abord, parceque ça marche, beaucoup, longtemps, je vous fais un diaporama de ce que ça voit… un pèlerin en mouvement sur 7h, entre ici et là.:
J’ai pensé que c’était important, pour les novices, de réaliser qu’on est bien là pour avancer, et pas tellement pour visiter. Dans cette traversée du nord de l’espagne, réellement tournée vers la culture et le Camino de Santiago, rien ne vient distraire le pèlerin de sa tâche, quel que soit le péché qu’il vienne expurger de son âme noircie.
<Et n’est-ce pas ennuyeux?> me demande innocemment un ami qui préfère les musées et les tables étoilées. Non!, dois-je admettre avec cette sincérité qui me condamne souvent. Je me plais à être là dans ce monde simple, à marcher le long des champs cultivés par des gens simples qui continuent à saluer les pèlerins luxueux que nous sommes d’un cordial ‘buen Camino’ lorsque nous traversons leur village. Avancer, simplement, un pas après l’autre, vers ce but qui n’en est pas un et surtout, relire pendant des heures les pages de sa vie. Revoir ceux qui sont devenus des souvenirs et refaire en pensées les choix qui nous ont conduit à les perdre. S’arrêter pour une fleur qui résiste aux engrais des humains afin que le papillon qui vous suit depuis deux minutes puisse se poser et se gorger de ses sucs, le temps de sa vie minuscule.
Oui, j’ai mal aux pieds, comme les autres qui, lors de la halte du soir, s’enduisent de crèmes, de baumes ou se couvrent de bandes et pansements.
Oui, les pharmacies du chemin voient défiler cette population souffrante qui ne s’arrête pourtant jamais, parceque en avançant sur cette trace mythique, celui qui est arrivé marcheur est devenu pèlerin. Je n’ai pas d’explication, les psychologues en trouvent, chacun la sienne, mais je me vois, je le vis comme ceux qui sont là.
Pour comprendre, la recette est simple: un sac, quelques effets pour se protéger de la pluie et du soleil et de solides godillots capables de faire encore huit cent kilomètres qui changeront pour toujours votre vision de la randonnée.
Non, il n’y a rien de glorieux à en ramener, mais ceux qui ont touché le bout de la terre à Fistera se reconnaissent, se comprennent à demi-mots et surtout, surtout, ils reprennent leur bâton, un jour ou l’autre, pour recommencer à chercher l’indéfinissable, car ils savent, ceux qui ont marché vers Compostelle, que le but n’est pas Santiago! C’est seulement d’être sur son chemin. Et il n’est pas besoin de le redire, Manuel me l’a rappelé: Antonio Machado l’avais déjà exprimé: « Caminante, no hay Camino, se hace camino al andar » ! Je vous laisse avec ça! Un pèlerin doit aussi se reposer pour trouver la joie sur les kilomètres inutiles du lendemain.
Et oui, je suis heureux de traverser ce pays à pieds, et ceux qui y cherchent une raison se fourvoient encore. Il n’est pas besoin de raison pour chercher à goûter des moments de plénitude. ( Fut-ce dans la douleur!)
à Arcabueja, quelque part en Castille.
Patrice
Coucou Patrice
Je ne rate pas un épisode.
Je crois qu’un jour je ferai un bout de ce chemin!
Nadine
Bravo Nadine. En prenant le temps qu’il faut, et en ne s’imposant RIEN d’autre que l »envie d’être là, il n’y a que du bénéfice à en retirer .