j8. Belorado-… Agés. 27.50km. 7:15.

Si on  vous parle de promenade à: ‘montes de Oca’ , un jour en Espagne, renseignez vous sur l’horaire des bus au départ de Villafranca, cela pourrait vous épargner un souvenir épuisant.

     Non, je blague! Si vous êtes là c’est que déjà votre raison a vacillé et que vous comptez sur St Jacques pour la restaurer… Mais comment y suis-je arrivé?

Ce matin je me lève tôt. Enfin, assez tôt: 6:20 ! Le dejeuner commence a 6:30, j’ai bien fait de préparer mon sac hier . La salle à manger est peu peuplée (oui, c’est dur à dire.) car je remarque que nombteux sont ceux qui partent le ventre vide et déjeunent au village suivant. Cela me permet de les rattraper et les doubler, donc ne leur a servi à rien mais chacun fait comme il veut.  Pour ma part, je dejeune avant de marcher et c’est mieux a l’auberge que sur la table branlante d’une table de bar dans le vent froid du matin.

7:20 je suis dehors (tout de même!) et sans oublier mon bâton puisque je n’en ai plus. 

Il fait froid aujourd’hui. Je dirais moins de 10°. Je rentre les mains dans les manches de ma polaire. Seulement le Tshirt dessous, j’ enfile vite ma chèche sur la tête et accélère le pas vers la sortie de Belorado, dans l’axe de la lune.

Vous avez compris qu’en marchant longtemps on a pas souvent mieux à faire que s’écouter fonctionner. Je fais donc le bilan à froid:    Pied gauche: l’ampoule est contenu grace au morceau d’urgopore ( grande efficacité à un coût dérisoire, donc bon plan. Merci à nnnn le trailer de St Affrique).

Pied droit:  La douleur  vive du tendon d’Achille est là mais j’ai remis la bande et cela suffit à rester operationnel, surtout que ça s’amenuise en chauffant, ou bien que je m’habitue mais le résultat est le même: j’avance bien et sans grimaces.

    Je sais bien que ça ne vous interesse pas, mes pieds, mais je me dis que si un jour le Camino vous monte à la tête, vous saurez qu’on peut très bien le faire dans des conditions qu’on refuserait un dimanche au zoo du Lunaret ou à St Guilhem le désert, par exemple. C’est parce que là, la solution serait de s’arrêter! et ça, croyez moi, personne ne le veut.     Tiens, ce matin, j’ai vu partir une jeune chinoise, en sandales, disant qu’elle irai jusqu’où elle peut comme ça avant de remettre les chaussures. 

  Donc, autre conseil ( je fais un prix!): Prévoyez une bonne paire de sandales pour le soir, elles pourraient devenir votre solution un jour de galère podologique; mais légères quand même: faut les porter les autres jours. J’ai choisi la ‘Teva universel’ pour ces raisons là.

Et si vous choisissez autre chose, je m’en moque mais assurez vous que la sangle longitudinale existe: ca fera la différence entre une tong et une chaussure quand le terrain deviendra critique…

   Très vite, ici, vos pieds deviennent la partie la plus importante de votre anatomie.   Ça change de la maison, hein!

  • Bon, je vais donc bon train vers le programme du jour: 24km jusqu’à St Juan de Ortega, mais, notez bien, en ascension permanente jusqu’à Alto de Valbuana, 1150m.  4 villages sur le chemin: ça se repeuple depuis qu’on a quitté la Rioja et ses plaines désertes. D’ailleurs, Manuel m’apprend qu’on dit « Ancha es Castilla » (Large est Castille) à cause de ses paysages de PLATeau!

    J’atteins Tosantos en 1h  (4,8km) malgre la pente, donc tout va bien, puis Villambistia 20mn plus tard. 

    Les deux sont déserts, vite traversés.

    Le paysage s’élève doucement mais régulièrement.

       A Espinosa du Camino, une halte pour pèlerins, « La Cantina’ propose des déjeuners. Je me dis que je dois mettre du charbon dans la machine et reposer mon pied droit qui fulmine sournoisement, et je m’avance… SURPRISE! Jim est là.

    J’ai donc bien récupéré le flot, la vague, qui permet d’atteindre Fistera en 33 jours. C’est le but de Jim. J’espère y arriver aussi, sachant que 30 jours me suffisent puisque j’ai démarré a Pamplona cette année. Mais cependant, je n’en fais pas une priorité car ce n’est pas une course mais un chemin, largement spirituel (même si je le dis pas) et qui s’accomode mal des pressions extérieures, temporelles et autres.   ‘ Seul l’instant présent doit guider le pas pour éviter la chute!  ‘ (C’est beau ça, non?)

    Donc, Jim et moi devisons gentiment quelques moments, mais je dois refaire ce bandage sur mon tendon douloureux et je le laisse repartir: On n’est pas là (que) pour rigoler. On se retrouvera plus loin.

       En quittant ‘la Cantina’ je me penche pour ramasser un livre anglais tombé sur le chemin assez gros pour que j’hésite à l’ajouter à ma charge ,et ma douleur, afin d’essayer de le rendre.   Une pèlerine qui passait me propose de le mettre sur son sac. J’accepte et nous poursuivons jusqu’a Villefranca (2 km) notre conversation en anglo-espagnol.

    C’est Rosa, infirmière de nuit au Ch de Barcelone qui prend 1 semaine pour faire Logrono-Burgos pendant que son fils est a Paris avec son mari où le temps est mauvais. ..  Aux approximations de traductions, bien sûr, mais j’ai été content  de pratiquer encore un peu la langue de Cervantes car son anglais m’était assez opaque.

         A Villafranca, avant la grande montée, il y a un bar ou chacun s’arrête pour s’avitailler avant l’effort. 

    1. Mais moi, je me dis qu’à 10:30, apres mon breakfast et une banane dans le sac je devrais pouvoir monter 12 km et c’etait surement vrai.    Je laisse donc Rosa et me dirige vers le chemin… Mais en arrivant au pied du raidillon, le doute m’a pris et je retourne au Pajaro pour y engloutir un ‘bocadillo omelette- Jamon-chorizo’ et un jus d’orange.  Qui suis-je pour agir seul contre  l’opinion générale ? Même à Panurge on reste groupés!

    2. Bien sûr, le reste est une côte abrupte et mal empierrée de 400 m de dénivelé, mais sur 6km. On en a eu dans l’Aveyron des plus éprouvantes. Dailleurs, en un peu plus d’1 h j’étais en haut. Le Gps indique 1149m, il fait beau et plus loin  l’oasis del Camino, un buffet donativo me sert une limonade et de la pastèque. J’ai honte pour les pelerins d’autrefois.

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