2020-Piemont-01

Tout a bien commencé… c’est sûr : tu quittes un environnement sécurisé, agréable , tu es en forme puisque tu ne fais rien de tes journées à part peser les brosses à dent que tu vas emporter, tout est facile, tu chausses tes Lowa neuves de la veille, tu charges ton sac de presque 10kg avec l’eau et le joli casse- croûte de midi et tu pars dans le petit matin.

Jusque là tout se passe comme prévu : y’a ka, fo kon!

Et tu pars vers cette Gardiole qui te nargue toute l’année, par la route qui fait 0° de dénivelé, le long de laquelle paissent les chevaux, peinards, bucoliques.

Tu passes par Mireval, le village où tu as appris à tes enfants que le Paradis, c’est ici!

Et puis tu montes, et le soleil n’est plus jamais du même côté, et les cailloux tordent un peu tes pieds, et ça remonte quand tu pensais, sûr que va allais descendre… Au début, tu dis: c’est joli, tu fais des photos…

Et puis t’en fais plus, parceque tu regarde ton gps à la place en te demandant quand ca va s’arrêter les montagnes russes., les pistes d’avions, le vent, les citernes multicolores, les cailloux.

Et l’heure qui avance plus vite que toi, tu décides de faire cette halte rêvée ou le sac est au sol pendant que tu dégustes ce magnifique sandwich qu’on t’a préparé avec soin et que tu as sorti de sous ta semelle le cailloux minuscule qui pourrissait ta marche.

Mais même le bonheur a une fin, tu le réalises en reposant les bretelles meurtrières sur tes épaules enflammées. Oui, cette polaire que tu as rajouté au dernier moment est bien de trop. Il faudra s’en séparer, rapidement, avant même d’en avoir besoin.. peut être dans le prochain container jaune .

Et finalement, soyons honnête pour une fois, la colline finit par abandonner et t’autorise une longue descente vers… le centre commercial local, où rien, mais rien n’a etre pensé pour faire ‘rouler’ un pèlerin.

Après un chassé croisé stressant, tu retrouves enfin le chemin de l’église où tu dois faire tamponner ta crédentiale… oublies ça aussi, nulle autre âme que la tienne en ces lieux et pas de tampon non plus.

L’employé de la mairie, qui prépare l’école pour la rentrée t’explique que tu dois être,à sa connaissance, le premier pèlerin à passer la pour rejoindre Compostelle. La mairie, elle est logiquement fermée à cette heure, car contrairement à ce que te dis ton corps meurtri, tu as trop bien marché.

Entre temps, le bus qui aurait pu t’emmener la où tu vas enfin dormir, hors chemin , est passé et tu vas rajouter ces 2 foutus km de bitume à ta souffrance. L’autre mairie, là bas hésite à te composter le joli passeport (credentiale), sous prétexte que tu es ‘hors chemin’. Je lutte, docteur, je lutte! Et je gagne. Je dois avoir l’air trop mal en point pour qu’elle prenne le risque que je fasse un malaise hors Covid dans son bureau!

Et enfin, ta routine s’installe. Tu laves ta sueur, tes vêtements que tu étales au soleil avant de t’etaler toi- même pour un vrai moment d’abandon.

Oups, le temps continue de passer et en revenant à la réalité tu réalises que demain tu ne sais où dormir. Et le gîte (catholique) espéré t’explique qu’il est fermé , comme le suivant, Covid relevant.

Et le temps s’accélère, et le téléphone qu’il faut rebrancher pour ne pas perdre les précieux conseils . Finalement une chambre d’hôte fera une exception: pèlerin oblige! Alors tu reprends ta course: prévoir un sandwich, de l’eau en quantité car attention! Plus d’eau après Pinet! Oui, c’est la plus longue étape, donc surchargez vous en H2o cher pèlerin, n’écoutez plus vos épaules.

Je reviens, je redors! Faut digérer l’adversité pour rester zen.

Et puis ta pression retombe lentement. Un tour vers la plage pour y boire une bière en regardant bronzer les curistes septuagénaires,

marcher les pieds libres dans les sandales du soir, choisir où dîner ce soir…Rentrer le linge sec, préparer le sac et… oups again: le blog . J’aurais dû m’en douter que je l’oublierai celui- là. Vite,… vite… ah non trop tard! C’est l’heure de manger. Ce sera pour après.

De toutes façons, je n’ai rien à dire aujourd’hui: premier jour, petite étape, gite de rêve chez ma fille… Que pourrais je dire? Que les images du blog ne se transfèrent pas? Bah! La routine!

Ah si: 25 km , D+=D-= 400m

Belle journee pour un début.

2 réflexions sur “2020-Piemont-01”

  1. De l’eau fraîche au frigo. J’ai oublié la bière 🙄.
    Bisous et courage. Le Chemin, il a bien fallut le tracer avant qu’il en devienne un…
    qui sait. J’accueillerais peut être de nombreux autres pèlerins à l’avenir!
    😘

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