Dernier jour. Le but de ce tour a Fisterra sera de solder ce que je n’ai pas fait l’an passé et qui m’a tarabusté toute l’année. D’abord, dormir à Santiago que j’avais seulement traversée pour des raisons décrites à l’époque. Ensuite, assister à la messe des pèlerins, car pour pouvoir dire du mal des choses, il faut les connaître.
Ceci fait, hier, il me restait à atteindre le phare de Fisterra, car le temps m’avait renvoyé dans les cordes le dernier jour de mon voyage. Aujourd’hui il fait beau, je m’y rends donc, mais pas à pieds: Je l’ai fait en 2017, cela m’avait pris trois jours et cette fois, ce sont plutôt des raisons intellectuelles qui motivent cette économie. Ajoutons cependant que l’arrivée à la cathédrale à immédiatement ravivé l’ensemble de mes douleurs, épaule et pied, comme pour m’expliquer que je suis fait pour marcher et pas juste visiter.
Le bus de 9:00 a mis plus de 2h a nous amener la- bas en passant par tous les villages. Il etait donc presque midi en arrivant. Délesté de mon sac laissé à Mundo-Albergue, je pars immédiatement sur la route pour faire avant la chaleur les 2,3 km qui mène au phare.
Je n’ai pas pris d’eau, mais une source à mi- chemin me désaltére.
Heureusement car mon tendon d’Achille me faisait déjà ralentir. La route est en pente légère, on la suit jusqu’ au bout. Là, bien-sûr on retrouve les mêmes touristes qu’à Santiago mais c’est un peu normal, j’y suis bien moi, sans sac et sans eau! Un habile entrepreneur s’est fait faire un tampon » last stamp » et il tamponne des crédentiales toute la journée en échange de ce qu’on veut bien lui donner. Je l’admire pour ses efforts à répondre dans la langue du pèlerin et lui souhaite fortune en glissant un euro dans sa cébille: une coquille St Jacques, bien sûr.
Sinon, les habituels marchands de souvenirs du camino, made in china, sont présents sous le restaurant de luxe qu’est devenu le phare.
Je prie un instant pour que St Jacques soit passé à autre chose et ne voit pas ça. Mais en poursuivant sur le rocher, on trouve la célèbre chaussure en bronze que j’ai comparée à ma fidèle Lowa qui durera moins longtemps.
Un coin pour les allumés qui veulent brûler leurs guêtres et l’océan ou nulle coquille ne flotte à l’horizon.
Une photo au km zéro et, mon périple accompli, je rentre à grande vitesse car ça descend maintenant, en repassant par la source : ne pas provoquer inutilement Achille, le dieu en charge de mes tendons.
Fisterra, maintenant sous un grand soleil m’apparaît bien plus agréable que l’an passé sous la pluie, bien sûr, et je m’installe à une terrasse en attendant 15h, le premier bus pour Santiago.
Un plat (trop copieux) plus tard et une heure d’attente, on démarre. Direct celui là.: 1h30. je file direct à la poste pour essayer de renvoyer le joli couteau ‘Deejo’ que la douane risque de me confisquer demain. Ils veulent pas! idem: la douane! lame trop longue. Bon, on verra demain. Ensuite, toilette, rangement, plat chaud… demain réveil à 5h. Bah, j’ai ma lampe frontale!
Je vais rentrer dans le moule, celui de la grande vitesse. Misère, vivement l’été que je retourne secouer la poussière avec mes crampons.
Quoi ? C’est déjà fini ? Mais j’ai à peine eu le temps de savourer tes écrits que voilà ! Tout s’arrête !
Ben mince alors !
Bon, je te propose de recharger les batteries et hop ! Tu remets ça ! Ok ?
A propos…n’existe-il pas un chemin qui part de bien plus loin ? Genre l’Europe du nord ?
A potasser…
Rentre bien, récupère et donne nous de tes nouvelles, de temps en temps…
Je t’embrasse
Marie,
J’ai réfléchi à la ton idée en rentrant, lentement, jusque chez nous. Partir de très loin, permettrait indubitablement de marcher très longtemps et de continuer à écrire sur le plaisir procuré. C’est un rêve , mais comme tous les rêves il a les limites de la réalité. Et puis comment fantasmer sur un plaisir dont on n’est plus privé? J’ai tout l’hiver pour imaginer les chemins que je pourrai arpenter dès que la saison en sera venue. Et puis, cette flamme au bout de la nuit aide a éclairer le chemin quotidien. Je repartirai, c’est promis et je vous le dirai, mais je serais vraiment heureux de recevoir un jour un mot me disant que toi aussi tu es partie voir comment le chemin change le regard qu’on a sur sa vie. Et je sais qu’en revenant, tu m’auras compris. A bientôt, donc, entre ici et Compostelle ou ailleurs, car dans ce voyage initiatique, le vrai but, c’est le chemin lui même.
Bises,
Patrice