Bon, Voila une journée qu’elle est bonne! Enfin!… 2 semaines de Camino pour atteindre un rythme normal.
Faut dire qu’aujourd’hui le chemin y a mis du sien de la ligne droite à travers champs puis a côté de la route et pas de dénivelé. 130m en pentes douces, les connaisseurs apprécieront.
Et puis d’emblée, 17 km au milieu de rien sans le moindre village. Quoi? Pas un bistrot? Et comment qu’on fait?… Et dès hier soir les alimentations locales ont ete dévalisees, chacun regagnant son auberge avec un sac en plastique plein de nourriture qui suffirait pour nourrir une famille malienne pendant une semaine .
J’ai donc décidé d’en profiter pour remettre les pendules a l’heure. On peut randonner 4 heures après le déjeuner chez nous et pas ici? Allons!
J’ai donc acquis une (1) tomate et une (1) banane pour participer à la crise ambiante et c’est tout. Pas de jambon, fromage etc…, on verra!
Et on a vu: en 3 heures, 10:30. Le café à l’entrée de Calzadilla de la Cueza était bondé. Pas de retard sur le petit en-cas du matin. Ceux qui sont tombés du lit pour cette étape ‘extraordinaire’ sont là en train de manger comme s’ils avaient traversé le désert.
Donc, quand on veut, on peut.
Au réveil à 6:00, presque tous les 12 lits sont vides, je ne sais pas comment les matinaux arrivent à se préparer ainsi en silence, faudra que je regarde s’ils ne dorment pas habillés et avec le sac sur le dos… Il reste ma voisine australienne qui avait réussi à me convaincre d’assister à la messe de 20:00 pour y être re-béni, au cas où ça aurait mal marché à Burgos. On n’est jamais trop prudent;
et un cycliste espagnol qui avait un problème au pied et ne se levai donc pas.
Je suis donc parti de ‘Esperitu Santo’ à 6:30h puisque les soeurs ne faisaient pas de déjeuner, ce qui arrange bien la gargotte de la place qui acceuille à bras ouverts, 20 assiettes déjà prêtes sur son bar et le pressoir à agrumes rempli d’oranges fraîches. J’y prends un « desayuno’ ordinaire pour affronter l’épreuve
et je pars dans la nuit finissante: 7:00h.
J’avais du mal à trouver les marques du chemin dans la ville, comme d’habitude mais j’ai revu la chinoise au smartphone et elle nous a sorti d’affaire. Elle me dira plus loin qu’on l’appelle Penny, parceque en chinois c’est trop difficile à dire pour nous. Elle passe 3 mois par an dans un pays du monde occidental pour y découvrir les différentes cultures, c’est pour son métier mais là, l’anglais « à la chinoise » ne m’a pas permis de savoir lequel.
Je lui ai pompé le nom de son appli du matin, c’est 《maps.me》.à voir donc.
Et ensuite l’aventure du joir commence dans une ligne droite infinie, puisque l’horizon aujourd’hui est perdu dans le brouillard: le temps change.
10:30. Comme je vous l’ai dit plus haut, on arrive enfin, après 3h de marche sur le première halte ‘pèlerins en phade hypoglycémie’, dont je décide, et ce sera mon goal du jour, de ne prendre que cet en-cas jusqu’à l’arrivée, donc je charge. Et piiw le sac ne devant pas dépasser 15% du porteur, et l’ayant vidé même du ‘peut-être utile’, je n’ai pas d’autre solution que grossir. Dont acte.
Du coup c’est l’estomac qui va être lourd! On s’en sort pas.
Le paysage est toujours peuplé de champs immenses mais les couleurs du jour ne le mettent pas en valeur. Et puis les arbres sont plus présents, surtout au passage du Rio Cueza
Et le chemin reprend son cours rectiligne et rapide, aux dénivelés insensibles. Mon Gps flotte en butée au delà des 5kmh en permanence. Peu des marcheurs sont encore repartis de la halte ( je n’y suis resté que 15 mn) car je suis presque seul sur le Camino.
aà 12:00 j’entre a Ledigos, fin de l’epreuve pour qui suit le guide, donc beaucoup s’arrêteront là. Mais il est tôt, tout va bien dans la machine, je ralentis à peine pour trouver la sortie. Le gps indique 23 km. Je continue vers Terradillos de los Templarios, toujours à la même allure sur la trace presque déserte cette fois. 3,3 km à cette vitesse et sous le ciel couvert d’un jour gris, c’est 45 min. max!
A 12:45 j’y abandonne un couple qui avait poussé jusque là pour s’arrêter a l’Albergue J.de Molay:
J’ai vu que le village suivant est 3 km plus loin environ, et je me sens tout a fait capable de les ajouter sans forcer: je crois que la bénédiction de hier a marché cette fois. Mes pieds me laisse jouer avec le terrain.
Plus personne devant, plus personne derrière, rien qui puisse me ralentir!
Je passe la ligne d’arrivée en vainqueur sur et contre moi-même. Il fallait bien que j’arrive à retrouver ce rythme qui me va bien.
A 13:17 , je suis à Moratinos, à 13:20 dans l’Albergue dont j’occupe le premier lit. Le compteur est à 29,60 km.
Le reste, vous savez: Toilette, lavage et etendage ( le soleil arrive, avec le vent) puis les premiers suivant arrivent à 14:15. Visite du village, minuscule et un oeuf – jambon- rosé. Faut fêter ça quand même.
Quand je reviens du resto à 15:00 la chambre de 5 est pleine comme un oeuf . Je n’etais pas le seul à trouver l’étape trop courte.
Sur le Camino, on y vient pour marcher. Aujourd’hui, libéré de quelques entraves, j’ai marché!
Bon chemin!