De Carcassonne à Montréal , le jour ou j’ai dû abandonner ce Camino.
31,66 km
en 07h02 soit 4,52 km/h
Lundi dernier, à la même heure, je démarrais ce chemin sans bien savoir ce qu’il serait. Hier soir, à Carcassonne, j’ai donc comptabilisé 200 km dans la semaine, sans autre entraînement que la ballade du confinement!
Autant dire que « quand on veut, on peut ! »
– 6h30 je me lève en douceur, nous sommes deux dans ce petit dortoir.
À 7h je suis dehors et je prends un chocolat et des tartines chez Felix
et à 7h30 j’enfile ma micropolaire, le temps se rafraîchit, et je file au bord de l’Aude où je trouve les premières marques du GR 78 qui seront désormais un guide fiable.
En sortant de la ville je vois un panneau indiquant la clinique Montréal qui était quasiment mon seul souvenir de Carcassonne. Adieu, le monde d’avant.
Je quitte la ville, les maisons se raréfient et la paix s’installe.
Je ne suis plus seul sur le chemin: J’ai avec moi les rassurantes marques rouges et blanches du GR.
Passé l’autoroute, c’est très vite la campagne, et elle monte, elle monte… J’adopte donc le rythme qui va bien pour ne pas m’essouffler et c’est tranquillement que j’entame cette étape. Je me dis qu’il faudra que je pense à trouver le gîte pour ce soir, disons vers 9 ou 10h.
A Lavalette, je me pose dans l’herbe a la sortie du village et appelle tous les numéros que je trouve dans mes guides. La plupart ne répondent pas, soit qu’ils soient fermés, mon guide date de 2016, soient qu’ils soient occupés. Je laisse des messages.
Un gite est en vacances, un autre ne pourra pas avant demain. La mairie qui gère camping et gîtes pèlerin me dit qu’ils ont consigne departementale de fermer pour cause de Covid.
Je me tourne un moment vers Booking, mais leur créneau semble plus touristique ici, près de Carcassonne et mon budget de marcheur insuffisant.
Je l’abandonne, il me donne des solutions à des dizaines de kilomètres de là, inatteignables. Certaines même au canada (Montreal !), je n’y serai jamais ce soir.
je recompose les numéros qui n’ont pas répondu, sans plus de succès et revient sur le village. Inutile de parcourir les 13km qui restent sans au moins une chance d’y trouver refuge. Le temps a passé pendant mes recherches, il est 11h.
Je reviens jusqu’au village. La petite épicerie- presse- tabac- café me vend une petite salade composée, fraîche, une boisson et une grappe de raisin, avec lesquelles je me dirige vers l’église. Non pas pour y trouver une aide spirituelle, mais parceque des bancs et des wc publics s’y trouvent.
Au passage, je note que les bus vers Carcassonne ne circulent que le soir, apres l’école! Je viens, en effet, d’abandonner l’idée de continuer, si tout le département ferme ses gîtes. La batterie de mon téléphone a bien chutée avec ces recherches, je branche ma batterie externe et continue d’explorer le monde de l’hébergement local. L’église sonne midi. Je rappelle l’hôtel ou j’ai dormi la nuit dernière et réserve à nouveau la chambre. Je me dis que, de Carcassonne, je peux essayer de récupérer la Voie dArles vers Toulouse si l’Aude ferme ses couchages pèlerins, ou bien remettre ce voyage pédestre à des temps moins troublés.
cet échec me mine le moral, alors que ce matin le voyage avait été si agréable.
L’apres-midi est entamée, je repositionne mon sac sur les épaules.
Il est devenu soudain plus lourd. Il est 12:30, je reprends à l’envers je chemin de ce matin…
Et le téléphone sonne!…
Les soeurs dominicaines de Fanjaux, étape de demain, me rappellent enfin et me disent pouvoir me recevoir demain. Je ne promets rien. Elles sont trop loin pour aujourd’hui, mais je rumine l’idée et commence a rebrousser chemin doucement en évaluant cette nouvelle donne. Alors, le téléphone sonne encore. Ceux qui n’avait pas répondu ce matin, au village suivant Montreal, me disent, avec un accent allemand, qu’ils ont une chambre libre dans leur gîte: « La Maison Iris » à Villeneuve les Montreal. Je l’accepte, et me retraverse le village de Lavalette.
Cette fois, je retrouve la belle allure et, malgre l’ascension presque continue, je retrouve l’entrain du Chemin.
Tout en marchant, je rappelle Carcassonne pour annuler l’hôtel et me grise de la vue lointaine que m’offre l’élévation du terrain.
Le Camino reprend son cours, j’arrive fatigué par la marche rapide, dans c’e gîte charmant tenu par un couple d’Allemands. Ils me reçoivent avec plaisir, m’offre une bière (allemande !), et m’installent confortablement .
Je me douche, lave mon petit linge et en attendant l’heure du repas, m’endort quelques instants sur ce blog après avoir trouvé un gite pour demain et un hôtel qui reçoit les pèlerins, pour après-demain à Mirepois… Tranquille jusqu’au département suivant? On verras.
Après un apéritif, un repas tout bio local et le rosé, je prends congé pour la nuit, retourne sur ce bloc qui a la vertu de m’endormir avant sa conclusion…
Et je dors!..
Bonjour Patrice,
Je viens de lire que « la voie des Piémonts est un chemin de caractère qui enchante par la sérénité de ses paysages en balcon sur le massif montagneux et que sa fréquentation modérée en fait un chemin d’intimité qui peut favoriser réflexion et introspection ».
Pour l’instant, il semblerait que la fréquentation est presque …….inexistante et donc réflexion et introspection doivent s’en trouver encore plus approfondies.
Au fait terminus à Saint Jean Pied de Port ?
Bon vent et surtout ….. bons pieds.
Albert
Ah oui Albert, merci pour l’information. Je comprends mieux pourquoi ça monte tout le temps depuis Carcassonne.
Mais la vue est toujours plus belle d’en haut.
Et oui, St J p.de Port, si St Corona y consent!
Bonjour Patrice, c’est avec grand plaisir que tous les jours je lis le récit de tes étapes. Tu me donnes envie d’enfiler les chaussures et de marcher mais …. je n’ai pas ton courage ni ta volonté je me contenterai donc de notre paysage proche… et peut-être même que du bord de mer ….Le beau temps t’accompagne c’est super. Bonne continuation. Rdv pour ton prochain récit. Ghislaine
Merci de me suivre encore, même si je me dis parfois que mon récit est sans grand intérêt. J’espère, en effet, que le temps se maintiendra, surtout pendant les périodes de grand dénivelé qui s’approchent. On a beau die que la pluie n’arrête pas le pèlerin, ça le mouille quand même et je ne suis pas grand fan des conditions humides.
Amitiés a vous deux.
Patrice