De Tardajos à Santovenia de Oca.
Km depart: 457
Km Arrivee: 492 soit: 35 km
Durée : 07: 20 – 15:45 soit ~ 08:30
À nouveau grosse agitation dans la chambre à 6h du matin. Premier avantage, je n’ai pas besoin de mettre de réveil pour savoir quelle heure il est. Le second étant que ça m’informe qu’il faut que je bouge aussi malgré mon vif désir de flemmarder encore une heure.
Je laisse quand même les fêlés du départ nocturne sortir avec leur barda avant de commencer à m’extraire du sac de soie dans lequel je suis lové.
Je range tranquillement les quelques effets que j’ai pour la nuit et je redescends à la salle du restaurant . Copieux déjeuner, nouvelles à la télévision, météo, français qui râle à la table voisine… si on avait pas dormi à 8 dans la même chambre je me croirais à l’hôtel.
Mais le chemin m’appelle ( ooouh!ooouh!) et je consens à m’extraire de ce confort moderne à 07:00.
7h20 je passe sur le Rio Arlanzón en suivant le large chemin qui serpente le long de la nationale et qui nous est affecté.
La ville du coin n’est qu’à une heure de marche, je crois qu’il va falloir composer, ce matin, avec les voitures.
Mon fils # 3 m’envoie des chansons pour ajouter à ma playlist, et pendant que je lui réponds pour le remercier, je manque un passage sous la route qui me vaut bien un kilomètre de plus à revenir le chercher… 1,5 finalement.
C’est le problème du téléphone qui nous sort du moment présent.
@08:40 à l’approche de Burgos, l’humidité de la nuit brouille le paysage. Je vois bondir une biche au loin, je n’ai pas le temps de la photographier. L’entrée dans Burgos et longue par ce chemin ensoleillé. Elle se fait désirer .
@09:20 passage par les jardins de l’antique Université, après avoir longuement longé la nouvelle. Puis traversée du Rio Arlonzón par le parc de la Isla .
Après quelques erreurs dues au fait que j’ai la tête en l’air au lieu de regarder les marques au sol,
j’atteins enfin la cathédrale pour laquelle j’ai fait le détour par la vieille ville. On ne traverse pas Burgos sans s’y arrêter et je retrouve un peu les traces que j’y ai faites, il y a 2 ans.
Après les clichés de rigueur, je m’arrête pour un bon déjeuner: celui de ce matin est déjà loin.
10:20, je quitte le café et après une petit promenade nostalgique dans cette belle ville, où, je retrouve l’albergue au dessus de la chapelle d’il y a deux ans,
à 10h45 je longe à nouveau le Rio Arlonzón pour la quitter. J’y retrouve mon goût des canaux, tranquille beau et en plus vivant puisque le flot, ici est important .
La sortie de Burgos le long de ce Rio et encore plus belle que son entrée.
11:25 Oups, fasciné par le cours d’eau je me retrouve du mauvais côté de la rivière. Tant pis, je continue dans ce magnifique parc jusqu’au prochain pont. 11:30
Voila, j’ai retrouver une variante du chemin et je quitte donc définitivement cette ville agréable et culturellement attrayante, mais vous aurez remarqué que mon parcours laisse peu de place à la culture comme à l’histoire. C’est que les deux prennent le même temps et que les jours ont des durées finies.
4h30 pour atteindre, visiter et traverser Burgos, soit 18 km, m’ont fait adopter un rythme de sénateur aujourd’hui.
Mais Burgos en valait la peine, et aurait même méritée plus mais ne soyons pas trop gourmand, seule, ‘l’éviter’, aurait été une erreur. Il suffira d’y revenir deux jours en touriste, pourquoi pas.
@12:00 Castañares.
Après Burgos et ses jolis parcs, la sortie par une zone industrielle le long de la RN120 n’est pas très réjouissante. Une variante, plus longue et plus au nord de la route, existait mais j’aurais dû la prendre à partir de la cathédrale et, ayant perdu mon petit guide papier hier, je ne l’ai pas vue.
Et l’aurais-je prise, on ne le saura jamais!
Avantage sur l’autre route: beaucoup plus d’albergues! Alors, plus de pèlerins que je ne vois donc pas ici… Un partout!
Et puis je les retrouverai à la fin de la variante. J’en suis quitte pour remettre mes écouteurs et ma playlist… à plus !
@13:00 chemin pres de la route.
@13:15 bar, Tortilla, mini bocadillo et bière, une canette eau citronnée glacée pour ma réserve et café. Je grimpe à 7€ mais c’était beau et loin de tout, le long de cette interminable N120 que je suis depuis plus d’ 1h.
13:45, je continue ma route. Avancer, c’est le maître mot. Je ne suis pas là pour aller quelque part, pour l’instant, mais pour marcher, avancer, avec les jambes que nous a données l’évolution et avec lesquelles nos ancêtres ont traversé les continents… sans Internet. Prouver, à moi, que ca reste possible et, dans la foulée, retrouver ….-La route- !
@14:45 passage sous un pont, rare distraction, toujours le long de cette route devenue moins passante à l’heure où les espagnols mangent.
Bon, ça fait une heure que je marche depuis le café et que je n’ai vu personne. Donc, finalement, je suis seul sur cette variante plutôt désaffectée. Comme j’en suis déjà à 30 km depuis ce matin le problème sera de trouver un gîte ouvert quelque part avant que la pluie annoncée pour la nuit ne se manifeste .
Un panneau en bois, me donne quelques informations importante à ce sujet. Voyez vous-même.
Plus de guide en papier du chemin, rien dans l’appli ‘Buen Camino’, rien dans le gps Alpinequest, je me rabats sur Maps qui m’indique une auberge quelque part. En voici le +code:
< 9G4Q+PF Santovenia de Oca, Espagne >
Déjà, c’est en Espagne, ça me rassure.
Et pour compléter mon plaisir, je viens de marcher dans une énorme flaque de boue figée qui va m’obliger à laver mes chaussures, un jour ou l’autre…
C’est mon chemin, il n’hésite pas à me mettre à l’épreuve aujourd’hui.
Un Bar sur la route à Zalduendo ne m’informe pas mieux et pense même que la prochaine auberge est à 17 km. Merci!
Je repars un peu soucieux, mon pied droit commençant vraiment a trouver le temps long, mais je décèle enfin le petit chemin indiqué par Maps qui va vers le no man’s land ou serait ce village, à 3 km.
Et rencontre insolite dans ce chemin désert : Je croise un Allemand qui se dirige d’où je viens, c’est-à-dire très loin à cette heure-là et me confirme qu’il y a bien une albergue au village, mais qui ne propose que des lits et pas de chambre! !
Ca tombe bien, je n’avais besoin que d’un lit, où qu’il soit.
Il est en dehors du Camino, mais je ne suis plus à deux ou trois kilomètres près.
Et quand j’arrive dans ce trou perdu à l’écart de tout, il y a sur la minuscule plaza Mayor, une petite albergue ultra-confortable, tenue par un jeune couple sympathique, qui va me permettre de dormir, mais aussi de dîner et même de petit- déjeuner… Le jeu en valait donc la chandelle: 35 km (que mon pied droit refuse encore de me pardonner) mais qui confirment bien la devise à Élise: 《Nul bien sans peine.!》
Sans cet effort soutenu et la presque inquiétude de le voir durer, quel plaisir aurais- je eu à trouver cet improbable havre de paix?
16:45, Lavé, linge sur l’étendoir, une biere sur la table, j’attends avec calme la pluie attendue pour ce soir… Tiens, les premières gouttes!. C’est pour cette nuit ! Et moi, la nuit, je dors!
La soirée et le repas en commun avec les 10 pèlerins (qui savaient donc que l’auberge existait, eux) fût un vrai moment de détente et de plaisir. A table avec deux canadiennes et un Colombien , nous avons marié trois langages dans les sourires et la bonne humeur.
Ces moments là mériteraient d’être relatés plus que les km douloureux d’une ampoule de pied le long de la route, car ils sont souvent les meilleurs, ceux de la détente après l’effort, de l’échange, de la rencontre, et à ce titre restent difficiles à relayer avec des mots ordinaires pour un public absent.
Disons qu’ils restent, simplement, les bons moments du voyage.
Après lesquels, chacun retourne à sa chambrée pour y effacer les douleurs du jour et mémoriser les instants précieux…
Pour dormir, quoi!
Et demain est un autre jour. (souvent!).