j7. Ciruená-Belorado.  29 km.  7:00h

Si, si. Y’a pas d’erreur dans le titre. Tout roule comme il faut ( j’ai pas dit facile!) mais, comme je disais à mes petits avant qu’ils soient plus grands que moi: Quand on veut, on peut!

J’ai donc rattrapé le guide Michelin 160 malgré les 10 km que j’avais concédés avant hier pour cause d’ampoule en devenir.  J’en déduis que Jim doit dormir sois les mêmes étoiles que moi ce soir, on verra au dîner mais il y a tant d’Albergues ici que ce serait hasard qu’il soit à la mienne. Le chemin de demain nous dira.

Donc, ce matin, l’hôtelier très (très!) particulier de la ‘Virgen de Guadalupe’ nous ayant sortis des lits à 06:00 pour nous servir à 06:30 un modeste petit déjeuner: café, pain, margarine et confiture maison, je me retrouve, même après ablutions, à 07:00 sur le chemin.      C’est la bonne heure: il fait encote nuit mais la lune et le jour naissant s’interpellent et évitent l’usage de la lampe frontale. Il faut dire que gps en main, je ne cherche guère les marques du Camino dans l’obscurité. Les plus jeunes, ceux qui partent sans déjeuner doivent être devant et les diurnes ne sont pas encore en marche: je suis seul sur ce chemin, à goûter l’air frais (8°) et le silence de ce début de journée.      Pas de signe avant-coureur de problème physique, je démarre calmement au rythme de mon coeur pour ne pas casser trop tôt la machine.

    Je suis un peu couvert car il ne fait que 8° à cette heure mais ce sera autour de 20 dans l’a-m. Donc , temps legerement couvert, parfait pour un bon parcours.

1/2 h après je traverse Santa Domingo de la Calzada sans m’arrêter ailleurs que dans une boutique de sport déjà ouverte pour y acquérir (20€, voir la définition de racket!) une protection anti-pluie manquant sur mon sac  car:

“Mvula wa bwolo wa ntchon.”
On ne se laisse surprendre que par la première pluie de la saison.
— Proverbe Téké —

puis je passe devant l’église (fermée) et sur le pont pour constater que le rio Oja est à sec. La canicule est passée ici aussi.

Le rythme s’est bien installé, dans ce paysage désertique, malgre la pente ascendante continue. Je salue d’un regard entendu la « cruz de los valientes  » 

et c’est à 09:30 que j’entre dans Grañon.     Content de traverser plusieurs villages rapprochés, cela manquait les jours précédents, et ma moyenne étant  correcte, je m’accorde une pause en face de l’église (d’une pierre: deux coups!) . 

A 10:00, je laisse la place et me dirige vers une table à la sortie du village, bien à propos pour que je procède à un bandage sur mon pied droit qui vient de ma ‘cafter’ que la chaussure le gêne derrière. Je veux arrêter de suite ce conflit inutile car une longue côte est à l’horizon.

Ce fût efficace: je n’entendrai plus de plainte aigue de ce côté.. Ne jamais laisser s’installer une douleur aux pieds! (amen.)

    Le prochain village est a 1h de marche: un vrai défilé aujourd’hui! Et on quitte la Rioja pour entrer en ‘Castille et Leon’.   un rapport? 

C’est Castildelgado, qu’on atteint par un large chemin cimenté tout lisse, rapide et inconfortable: le marcheur n’en demande pas tant. J’en déduis que c’est fait  pour les tracteurs mais avec l’argent du chemin. (médisance gratuite mais j’accepte les dons.)

Et  je rentre donc dans ce village minuscule où j’espére vivement acquérir de quoi me restaurer sérieusement. Il est 12:30h. Je passe devant une albergue fermée, normal elles ouvrent rarement  avant 13h. J’ignore les flèches qui veulent m’attirer vers un hotel/resto routier sur la nationale proche et je me retrouve à la sortie.

Demi-tour, je vois au loin une dame qui porte un pain, l’espoir revient. J’affute mon espagnol pour demander à un autochtone si le boulanger vend des sandwiches: nada. Que du pain. Je reviens vers le centre (200m) et croise 2 vieillards qui quittent leur maison. Cette foisje demande ou je peux acheter de la ‘nourriture’, des fruits ou même n’importe quoi (algo!). C’est donc ouvert. Ils me prennent en pitié, se séparent et lui (80 et une canne) me propose de le suivre. Je commence à me réjouir mais il m’emmene seulement à l’albergue…toujours fermée malgré ses virulents coups de sonnette. Un des habitants, intéressé, s’approche et ils devisent 30 secondes. Je reprend la main avec ma question et, serieux, le nouveau m’indique précisément le trajet jusqu’au routier de la nationale « el chocolatera » où j’ai finit par me rendre! 

Ne jamais dire: ‘ Fontaine, je ne boirai pas de ton eau!     cqfd.

  Mais je voulais un peu de carburant pour les 10 km qu’il me fallait parcourir ensuite, et trouver des toilettes utilisable, une autre quête fréquente chez le pèlerin. J’ai pu me laver les dents et tout aurait été parfait (finalement) si je n’avait oublié dans l’établissement le joli baton acheté à Logroño pour soulager mon genou agonisant. 15 mn ont passés avant ma prise de conscience. Trop loin! C’est un signe que mon genou va bien.

… et pourtant je l’avais aimé ce baton!…

Je continue donc en balançant mes bras inutilement. Faut que je me rehabitue.. Viloria de Rioja… 2mn, rien à voir.   Villamayor del Rio : encore moins si possible. 

Pourtant ces villages qu’on traverse sont la distraction du pèlerin car pour l’environnement qu’on parcoure pendant des heures vous rappelé-je, c’est morne plaine !   (merci Victor).

Je vous fait un diaporama de la journee pour info, et vous comprendrez pourquoi je parle de mes pieds et des églises! Le reste, pendant des heures, des pas et des pensees vagabondes, c’est ça:

Mais je n’ai jamais dit que c’etait ennuyeux! Simplement c’est plus difficile à raconter qu’une brève paisr dejeuner. Et pourtant, c’est surtout cela la journee du pelerin: des heures a traverser le pays à la vitesse du pas, à guetter un clocher derriere un coteau, a recevoir et donner des ‘bueno Camino’ à d’autres marcheurs qui , eux non plus, ne savent pas ce qu’ils cherchent là  mais ne feraient rien pour y renoncer. Car pour comprendre, il faut y venir aussi… et marcher, quoiqu’il en coûte.

Ce soir, à  Belorado:   arrêt à l’Albergue  ‘Cuatro Cantons’. Idyllique! confortable, propre, sourires et amabilité, service, coût ridicule… un rêve de pèlerins. Mais ce  n’est plus l’heure: demain on monte à 1200m, les « montes de Oca »… le paysage va évoluer!

buenas noche!