6:00 debout, mon corps s’habitue, même si le premier pas rappelle la veille. Le deuxième pelerin dort encore, le soleil n’est pas là. Je m’habille en silence et, à la cuisine, presse l’orange que j’ai achetée hier et prépare le café pour trois .
La journée est brumeuse, maussade, humide. ‘Soft day’ disent les Irlandais que je croise ponctuellement depuis 3 jours.
L’étape devrait être facile: Beasain-Zegama:17km, je decolle à 08:00. L’hospitalier me conseille la cape, je dis non, ça va se lever et je quitte le gite.
Fini la promenade dans la vallée de l’Oria qui devient un torrent, on monte direct dans la montagne: D+=120m sur 1km, j’ai l’impression d’avoir 100ans!
De pause en pause, j’arrive en haut et je respire un peu, l’air reste humide mais retient sa pluie. La bruine légère mouille ma tenue mais il ne fait pas froid. Les pierres du chemin sont glissantes, je sort mes batons de leur housse (merci Marine) et avance prudemment.
Quand la descente. commence, c’est un immense et raide escalier de pierres comme les romains savaient les faire. Je suppose qu’ils allaient pieds nus car mes semelles glissent comme des savonnettes. Je négocie chaque pas au ralenti.
Arrivé en bas, la descente continue sur un chemin toujours pentu et glissant. Aie, je glisse, j’amorti avec le bras droit. Il tient, ouf! : c’est le bras pour boire la bière ce soir… Mais je sens encore l’épaule à 22h.
Arrivé au niveau de la route, la pluie s’installe, plus dense. J’attends d’être bien trempé pour admettre qu’il faut enfiler la cape :il reste 4km.
Revenu sur la voie verte, il n’y a plus qu’à avancer, la pluie n’arrêtant pas le pèlerin. Je sors mes écouteurs et je mets le dernier album de Marie-Flore (‘Je ne sais pas si ça va’). Elle m’hypnotise. Parfaite pour cette marche sous la pluie. Merci Deezer.
Ma plénitude s’installe avec ses titres et je finit par entrer dans Zegama sans avoir langui sous ma cape.
Je réalise soudain que la pluie a cessé et, en chemin vers l’albergue des pèlerins, située en dehors du bourg, Donald, l’irlandais d’hier, me fait signe devant la Pension Zegama au centre du village. Il reste de la place, je les rejoins, nous mangerons ensemble et je me remet à l’anglais.
On finit la soirée au restaurant en parlant du Conemara. C’est vrai que je sais rien du rugby!
Et demain? Gros dénivelé. Mais c’est un autre jour.